Qu’on le croit ou non, la Finlande était assez discrète question films LGBT. Mais la donne risque fort de changer après la sortie de ce premier film de Mikko Makela qui conjugue, avec intelligence, subtilité, sensualité et message politique.
Par Nicolas MAILLE
ÇA PARLE DE QUOI ?
De retour en Finlande pour les vacances d’été, Leevi aide son père à restaurer le chalet familial au bord d’un lac. Tareq, un réfugié syrien demandeur d’asile, les aide sur ce chantier. Alors que Leevi trouve refuge dans la littérature de Rimbaud, Tareq tente de se construire une identité dans un monde fait d’inégalités. Loin du regard du père, ces deux hommes que tout oppose se découvrent l’un l’autre. L’amour devient un exutoire…
NOTRE AVIS
Par bien des côtés, Entre les roseaux a de faux airs de Seule la terre, sorti l’an passé [les vaches en moins]. On retrouve, en effet, le même environnement rural, la même présence d’un étranger qui vient questionner les rapports filiaux et la tolérance à l’autre. Si ce n’est qu’ici, l’ouvrier venu prêter main-forte pour retaper le chalet familial est un réfugié syrien [une première dans le cinéma LGBT]. Surtout, les personnages ne sont aucunement dans une démarche de stabilité et de transmission. Ils ont beau être amenés à cohabiter dans le huis clos masculin de la maison du lac, tous sont des êtres en transit. Leevi s’est échappé de son environnement familial cloisonnant pour faire ses lettres à Paris. Le père, homophobe et raciste, trouve toujours une occasion de quitter la maison qu’il souhaite d’ailleurs vendre pour tenter un renouveau professionnel. Quant à Tareq, premier réfugié gay syrien du cinéma, il symbolise à lui seul le destin des immigrés pour qui la fuite est devenue un acte vital. […]