En plein âge d’or des films porno-érotiques, Brigitte Lahaie est devenue une figure emblématique de la sexualité. Si par la suite ses déclarations ont pu être critiquées, si elle irrite parfois certaines personnes, elle a toujours osé dire ce qu’elle pensait. Chroniqueuse radio depuis 18 ans, elle aime faire la différence entre le mot sexe et le mot sexualité. Ses engagements, ses non-regrets, ses opinions, sa carrière, rencontre intime et enrichissante avec cette Femme Garçon !
Propos recueillis par Damien Guignard.
Vous avez débuté votre carrière en posant nue pour des magazines, puis en jouant dans des films X. Comment est-ce que ça a commencé ?
J’ai répondu à une annonce dans un magazine. Je voulais être mannequin mais on me disait toujours que j’avais trop de poitrine et ce jour-là il y avait une annonce disant « recherche femme à forte poitrine ». C’était pour faire des raccords dans des films érotiques italiens. Ensuite ça s’est enchainé assez naturellement vers des couvertures de magazines, des films pornographiques …
Vous étiez complexée par votre corps, ça ne vous a pas empêchée d’être nue sur les plateaux de tournage. Comment est-ce qu’on se sent la toute première fois ?
J’étais complexée tout court. Physiquement et mentalement. Je ne me trouvais pas belle, j’étais gauche, timide, je ne me trouvais pas intéressante … Être nue a été une révélation, c’était très excitant, c’est le courage du timide de soigner du mal par le mal. Ça m’a aidé à me trouver mieux.
« On m’a interdit de parler d’homosexualité à la radio. »
Est-ce qu’aujourd’hui vous êtes toujours complexée ?
Plus du tout. Je n’ai plus de complexe je m’accepte et je me trouve plutôt bien proportionnellement à mon âge. On est jamais parfait, mais ce que je vois me plait, mentalement aussi.
Vous dénoncez souvent la différence entre les films porno d’avant et ceux de maintenant. Qu’est-ce qui change vraiment selon vous ?
Je crois que la différence est qu’il y avait la possibilité de fantasmer. On laissait imaginer des choses. Maintenant il n’y a plus du tout d’histoire, de scénario, ce sont des images très crues et très violentes. Ça nuit beaucoup à la sexualité de ceux qui regarde car c’est très consommateur et beaucoup d’addictions en découlent.
Vous auriez un conseil à donner aux jeunes actrices ou à celles qui souhaiterais le devenir ?
Non je n’ai pas de conseil. Certaines y vont pour des raisons pécuniaires, d’autres pour des raisons narcissiques, d’autres pour des raisons sexuelles … Je pense qu’il faut savoir arrêter avant d’être trop détruite. Ça serait peut-être ça en fait mon conseil …
Est-ce qu’on vous a déjà proposé des scènes homosexuelles ?
J’ai tourné des scènes avec des femmes, j’ai même eu quelques expériences homosexuelles en dehors des films !
« J’ai eu quelques expériences homosexuelles. »
Quel est votre regard sur la sexualité entre deux hommes ou deux femmes ?
Je n’ai pas de jugement sur la sexualité des autres. Je n’aime pas les stéréotypes qu’on met sur la sexualité des lesbiennes et des gays. Je trouve qu’on y met beaucoup de stéréotypes qu’on ne met pas sur la sexualité des hétéros et ça montre l’ignorance qu’on a de la sexualité. Chacun à un rapport différent à la sexualité.
Vous dîtes que votre mère a toujours été dans le déni par rapport à votre carrière d’actrice. Est-ce que vous avez un jour pu aborder le sujet avec elle ?
Je ne l’ai jamais abordé car j’ai senti que c’était compliqué pour elle et que ça l’aurait blessé. Elle le savait bien-sûr, mais on n’en parlait jamais. Avec mon père c’était différent, il l’acceptait assez bien.
Depuis, vous vous êtes reconvertie, vous avez testée plusieurs choses. Notamment la musique. C’était une opportunité ou une réelle envie ?
C’était un rêve ! J’aurais adoré être chanteuse mais je ne chante pas bien … J’ai essayé de réaliser mon rêve mais ce n’était pas très accessible. L’enregistrement a été douloureux. Chanter c’est une autre manière de se mettre à nue. Ça touche des émotions profondes.