
Avec « Il n’y a guère d’amour heureux ». Goulc’han Kervella illustre la romance entre un adolescent, Jaig, et un jeune étudiant, Franz, que tout sépare, pendant la première guerre mondiale. Dans son ouvrage militant, l’auteur confronte les codes de la relation normée et les préjugés sur l’homosexualité dans une France provinciale, au temps des goémoniers.
« Il n’y a guère d’amour heureux » tire sa référence à la chanson de Georges Brassens et au poème de Louis Aragon. L’image d’illustration est empruntée à une scène provenant d’un film de cinéma. Ses inspirations y sont d’autant plus significatives que l’auteur n’hésite pas à mêler deux univers antithétiques issus de deux grands films, « Finis Terrae » du polonais Jean Epstein (1929) pour la mise en abîme du monde goémonier à cette époque, et « Le Secret de Brokeback Mountain » de Ang Lee (2005), dans cette introduction d’une relation homosexuelle en milieu rural.
A la genèse de son ouvrage, Goulc’han Kervella dépeint, avec brio, une relation entre deux hommes, dans une monde qu’il connaît bien, celui des goémoniers et des marins-pêcheurs. L’atmosphère tragique de cet amour, propre au genre théâtral, occupe une place dans la trame de l’histoire. La relation entre les deux hommes est-elle donc, comme chaque fin de pièce de théâtre dans ce genre, vouée à la fatalité ? L’écrivain revient sur les coulisses de son ouvrage.
Quelle message avez-vous cherché à véhiculer, dans votre récit ?
J’ai voulu montrer qu’il pouvait y avoir une très belle histoire d’amour entre deux hommes, à cette époque, qui peut aussi s’avérer douloureuse, comme toute relation entre deux personnes. C’est ma vision du militantisme en faveur des homosexuels.
Vous parlez de militantisme pour les LGBT+. Pourtant, vous êtes hétérosexuels et avez une femme et un enfant. Pourquoi soutenir la communauté avez cet ouvrage ?
Le sujet est tu et moqué par l’église et le milieu rural, en Bretagne. Je considère l’homophobie comme une injustice et me lève contre ces préjugés encore présents.
J’ai connu, au cours de mon existence, des personnes qui ont été marginalisées à cause de leur homosexualité ou qui sont restées célibataires jusqu’à la fin de leur vie. J’ai donc écrit cet ouvrage par considération pour eux.
La relation entre deux hommes pourrait-elle être encore rejetée dans le milieu rural Breton, aujourd’hui ?
Oui et non. Il y a eu beaucoup de changements dans les mentalités. Certaines personnes rejettent encore l’idée de la relation entre deux personnes de même sexe. Mais d’autres, comme moi, l’acceptent et côtoient ces personnes au quotidien.
Finalement, est-ce là votre représentation d’une relation entre deux hommes, à cette époque ?
J’ai voulu montrer que deux hommes pouvaient s’aimer profondément et sans honte, à cette époque, avec une certaine pudeur et sobriété.
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