Un nouvel album hors du temps
Voici une artiste pour laquelle les critiques ne tarissent jamais d’éloges. La Grande Sophie revient avec son huitième album, Cet Instant, d’ores et déjà salué par celles-ci. Le premier single, Une Vie, donne le ton. L’album est intime, l’artiste se montre dans une fragilité face au temps, touchante. Cette facette est d’autant plus accentuée par le changement de cap, d’instrument. La Grande Sophie quitte temporairement sa chère et tendre guitare pour parler, entre autres, de son amour, pour la première fois de sa carrière, au piano.
N’y voyez pas là un album d’une femme amoureuse, mielleuse, parlant de sa peur de la cinquantaine. Loin de là. Etrangement, même, peut-être est-ce là sa prouesse, c’est que l’artiste nous évoque des moments, des instants, sans pour autant nous poser dans un passé, un présent, ou un futur, réellement. Libre à nous de nous poser à l’époque à laquelle chaque titre nous amène. La liberté, c’est un peu un mantra pour La Grande Sophie, après tout. Inclassable par la variété de ses albums, elle nous emmène là encore dans un territoire qui ne peut que nous surprendre, et nous cueillir.
Bien loin de son précédent album Nos Histoires, on peut rapprocher Cet Instant de son -très réussi lui aussi- opus La Place du Fantôme. Album qui était une sorte de reflet dans le miroir, comme avec la sublime chanson Suzanne. Ici, c’est la pochète qui évoque ce reflet, brisé, cette fois-ci. Malgré une nostalgie assez présente, l’album reste positif, étant parfois même une ode à la vie. Peut-être un défaut à trouver, la durée de l’album. Mais après tout, les instants sont par définition des temps courts. Lorsqu’ils sont plaisants, nous les regrettons toujours. Alors c’est sans surprise que nous sommes un peu déçus lorsque La Grande Sophie s’échappe Sur la pointe des pieds dans une chanson a capella, après un Huit-clos au piano.
L’avantage, c’est que vous pourrez, et vous le ferez forcément, revivre en boucle Cet Instant en réécoutant, comme nous, chaque chanson l’une après l’autre. Un aparté vivement conseillé pour s’échapper du temps qui passe, et ne plus en avoir peur.
Par Maxime Querbes