Lili Poe, des échos qui font des vagues…

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Lili Poe

Vous ne la connaissez peut-être pas, et pourtant, Lili Poe a déjà collaboré avec de nombreux artistes ! Le titre Jaloux, de Bilal Hassani ? C’est elle ! On la retrouve aux crédits de plusieurs chanteurs et en duo et featuring avec de nombreux autres. Madame Monsieur, Slimane, Soprano, Jok’Air… Rencontre avec une artiste aux mélodies envoutantes et à l’esthétique soignée, Lili Poe : un nom à ne surtout pas oublier !

L’ignorance de ceux de La Manif Pour Tous est tragique. » (Lili Poe)

Pourquoi Lili Poe ? 

Je m’appelle Pauline. Donc Poe, c’est le début et Lili, c’est le surnom qu’on me donne mais aussi la fin de Pauline. Pour le Poe, c’est également par rapport à Edgar Allan Poe.

Comment définirais-tu ta musique ? 

Je dirais que c’est assez cinématographique. De la pop française visuelle. 

Et tes influences ? 

Elles sont multiples, mais je me nourris beaucoup de hip-hop et de pop. J’aime les sons assez lourds et les mélanger avec de la chanson française. Lana Del Rey est une de mes grandes icônes ! Kendrick Lamar est assez inspirant. Billie Eilish, c’est très intéressant, tout est épuré et les mélodies sont au centre des chansons. En français, mes idoles sont des vieux ! J’aime les interprètes comme Brel, Piaf et toute la clique ! 

Tes mélodies sont assez hypnotiques. Comment on crée cet effet ? 

Je crois que ce n’est pas très conscient. J’aime quand il y a du relief dans les mélodies. Je vais naturellement vers des choses qui ouvrent le spectre de ma voix, ça peut partir très bas et monter très haut. J’aime utiliser les différentes textures de ma voix. C’est comme une toile d’araignée qu’on construit petit à petit, c’est peut-être pour ça que c’est hypnotique. Quand je crée, je pense à l’image immédiatement, donc forcément il y a quelque chose de visuel dès la conception, j’imagine que ça se ressent de cette manière. C’est d’ailleurs souvent des choses que je vois qui m’inspire plutôt que ce que j’entends. 

Avec qui travailles-tu pour créer tes musiques, tes textes ?

Le duo Madame Monsieur, on a travaillé ensemble sur mon EP et sur mon album, textes et mélodies. On co-écrit et co-compose tout. J’aime me nourrir d’autres pattes et d’autres plumes ! C’est super de bosser avec eux ! Il y a eu un artiste qui s’appelle Sweem, avec qui on a écrit un titre, puis tous les featuring, Jock’Air, Soprano, Slimane… 

Tu écris aussi pour d’autres artistes, je pense à Bilal Hassani par exemple. 

J’ai écrit pour d’autres mais je ne peux pas en parler car ce n’est pas encore sorti. Bilal, c’est le premier artiste pour qui j’ai écrit sur plusieurs titres. C’est une très belle expérience humaine et artistique, puisque je l’ai aidé mais il sait très bien ce qu’il veut, notamment sur le titre Jaloux qu’on a fait ensemble. C’est une histoire à un moment où il avait besoin de cracher les choses. Il n’avait pas très envie de faire de la musique, il était plombé par ce qu’il se passait autour de lui et sur les réseaux, avec cette chanson, on a pu lui redonner cette envie ! J’aime beaucoup travailler avec Bilal !

En écrivant pour quelqu’un d’autre, on se met à son service. La personne décide. Je ne suis que la plume qui suit les idées, donc il y a moins de pression. 

Toutes les critiques autour de Bilal, comment tu as vécu ça de ton côté ?

J’ai trouvé ça extrêmement violent, d’autant plus pour quelqu’un de 19 ans, c’est très jeune. Si ça m’était arrivé, une vague médiatique si importante et si jeune, je ne sais pas comment j’aurais réagi, il faut être sacrément mature pour le supporter et je trouve que Bilal l’a très bien surmonté ! Je trouve ça très effrayant. Les réseaux sociaux, c’est quelque chose de très effrayant ! 

Qui est le personnage de Théo dans ta chanson du même nom ? 

Théo il existe, oui et non ! C’est compliqué, je n’ai pas envie de dire explicitement ce qu’il en est, mais ce que je peux dire c’est que c’est un groupe de personnes qui se battent pour des choses vitales. Théo, c’est l’histoire d’un combat, de quelqu’un qui se bat beaucoup trop tôt, face à des choses beaucoup trop importantes ! 

« La chanson Écho est une sorte de fuite en avant positive, un lâché prise pur et dur. »

Ta chanson que je préfère est « écho » dans quel état d’esprit est-on quand on écrit ces paroles ? 

Ça n’a pas du tout été réfléchi, je crois que ce que j’avais envie de dire, c’était d’exprimer un sentiment. J’aime beaucoup écrire sur ce qu’il se passe à l’intérieur quand on ressent quelque chose. Il y a pleins de choses qui se passe dans ta tête. Des phrases qui reviennent… ce que tu as envie de faire, d’être, ce que tu as été. Écho c’est un mélange de tout ça, pour dire « arrête de réfléchir » une sorte de fuite en avant positive, un lâché prise pur et dur, de tous les aspects négatifs qu’on peut avoir en soi. Des gens ne trouvent pas assez explicite, mais exprimer un sentiment est parfois mieux que quelque chose de dit. Écho, la musique et le clip, ça a été une évidence ! Tout s’est imbriqué à la perfection.

Chacun de tes clips est très soigné. Tu attaches beaucoup d’intérêt à l’image ? 

Les réalisateurs de La Sucrerie, avec qui j’ai travaillé ont toujours eu des idées qui ont servi la chanson, des idées géniales et j’ai travaillé avec eux sur toutes les vidéos. J’aimerais beaucoup continuer de bosser avec eux pour la suite ! En France on a des grands talents, donc il faut s’en servir, il faut sortir de ce qui est déjà fait !

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J’attache énormément d’importance à l’image. Je ne conçois pas la musique sans l’image ! Le clip de Ça ira a été le plus gros calvaire que j’ai enduré en termes de tournage. C’est une des chansons les plus importantes pour moi donc je voulais que le clip soit parfait. Le clip est fait en plan séquence, les miroirs tombaient et se cassaient à cause du vent. On a commencé à pouvoir filmer, le soleil se couchait, on a dû se dépêcher. C’était vraiment difficile ! 

Tu es assez fidèle dans tes collaborations, on retrouve souvent les mêmes noms. 

Je fais partie du label Low Wood, c’est une famille, on a envie de travailler ensemble. Je trouve que ce sont les meilleurs, donc j’ai envie de travailler avec eux, forcément ! Pour Théo, j’ai travaillé avec un autre réalisateur, je ne ferme pas du tout la porte à d’autres, mais j’aime travailler avec Low Wood et j’ai hâte de les retrouver pour un prochain album.

Justement, quels sont tes projets pour la suite ?

Je fais partie de la compil’ BACK DANS LES BACS, on est plusieurs artistes qui reprennent des chansons des années 90 - 2000, avec Corinne, Cœur de Pirate, Madame Monsieur et pleins d’autres. C’est K-Maro qui a organisé ça, sortie prévue le 18 octobre. Je reprends une chanson de NTM complétement revisitée !

Pour mon deuxième album, il est en cours, j’ai déjà quelques chansons, mais je prends le temps de le faire correctement, pour réfléchir à quel habillage sonore et savoir dans quelle direction l’amener. Que ça soit un peu différent du premier, mais qu’il reste dans le style Lili Poe ! Garder ma patte. 

Quel serai ton plus grand rêve de collaboration ? 

Si on peut être hyper fou, j’adorerais faire un feat avec Kendrick Lamar ou Lana Del Rey, ça serait incroyable ! En français, j’ai déjà fait les meilleurs ! ha ha.

« C’est l’ignorance de ceux de La Manif Pour Tous qui est tragique. »

Dans notre prochain numéro, on parlera de La Manif Pour Tous qui revient. La PMA, tu en penses quoi ? 

Ça me dépasse un peu d’être dans l’interdiction de l’autre et d’être dans une peur de l’autre. Je crois que ça part de là. C’est de l’incompréhension des autres, ils ont une réaction violente et primaire pour juste dire « non » et il n’y a pas de dialogue. Mais je suis naïve dans les questions politiques, j’aime croire qu’avec du dialogue on peut arranger les choses et trouver des solutions. Je suis complétement pour la PMA pour toutes, après ça soulève d’autres questions qu’il faudra bien encadrer médicalement et administrativement. 

Mais on rejoint ce qu’on disait tout à l’heure sur Bilal. Beaucoup de gens ont été effrayés par ce qu’il représentait, alors qu’il ne représente personne, juste lui ! C’est l’ignorance de ceux de La Manif Pour Tous qui est tragique. Ne pas essayer de comprendre l’autre c’est tragique. 

Tu pourrais être une « mère porteuse » pour des amis, faire une GPA pour eux ?  

Non, mais c’est simplement car c’est très fort de porter un enfant je pense. Je suis trop émotionnelle pour pouvoir ensuite donner cet enfant que tu portes et que tu accouches. Je pense que pour être mère porteuse, il faut être complétement désintéressée et qu’il ne faut surtout par qu’il y ait d’argent. Il y a des femmes qui sont capable de le faire. Pour celles qui font ça pour l’argent, je pense que ce n’est pas très bien, puisqu’on parle de vie, pas d’argent. Je pense que ça pourrait être dangereux. En revanche, je trouve ça très beau les femmes qui arrivent à le faire pour leurs amis et de manière complétement désintéressée. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? 

Beaucoup de concerts et encore plus de musique ! 

Damien Guignard

Passionné de musique, de théâtre, de littérature et de culture de manière générale, j'aime rester à l'affut des nouveautés musicales, mais aussi des droits LGBT.
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