SAM ZIRAH, « Pour devenir qui je suis »

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Sam Zirah

« L’idée de ce livre n’est pas de devenir comme moi, juste de faire prendre conscience aux gens que chaque choix qu’on fait, a un impact sur ce qu’on devient. » C’est avec ces mots que commence l’entrevue avec Sam Zirah, qui m’accueille chez lui un matin, avec un café parfaitement sucré. Une rencontre humaine qui m’a permis de redécouvrir cet homme que je ne connaissais qu’à travers des articles ou des brides de vidéos. Retranscription d’un instant qui restera longtemps dans ma mémoire !

« Les opportunités, il faut se les créer soi-même. » (Sam Zirah)

Comment devient-on qui tu es, Sam Zirah ?

Comment je suis devenu, pas comment devient-on. L’idée n’est pas de devenir comme moi. Simplement prendre conscience, que tout ce qu’on a fait dans notre vie, chaque choix, a un impact sur ce qu’on devient. Je me suis rendu compte que je vivais toujours dans le futur, dans l’après, ce que j’allais faire. Je ne vivais pas dans le présent. Ça génère du stress, des angoisses et on n’est pas heureux ! 

Je pense qu’on devient, qui on est véritablement grâce à la somme de nos différentes expériences de vie, nos échecs, nos erreurs, nos rencontres, nos prises de consciences… avec ces expériences. Quand on arrive au monde, c’est l’histoire de nos parents, de notre entourage (religion, éducation, environnement…) qui a un impact sur qui on est. Mais est-ce que c’est véritablement nous ? Pendant longtemps, je me suis rendu compte que j’avais joué un rôle et ça fait souffrir. Je l’ai compris en écrivant ce livre. 

Qui est Sam Zirah finalement ?

Je suis quelqu’un qui tend à être heureux, qui veut l’être. L’écriture de ce livre m’a permis d’être, je pense, sur le bon chemin. C’est une sorte de pacte bénéfique, d’engagement envers moi-même, les personnes qui m’ont côtoyé́es de près ou de loin, mes abonné.e.s. C’est un besoin de vérité́. 

Tu décris ton livre comme ton projet le plus intime, pourquoi ? 

Pour le titre de ce livre, je voulais qu’il y ait le P et le D en majuscules, car c’est une insulte que j’ai souvent entendue. Alors je voulais l’écrire moi-même, comme un pied de nez à ceux qui me l’envoyaient en pleine figure.

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Je divulgue des secrets que je pensais garder avec moi jusqu’à ma mort. Je me posais des barrières tout seul. Par exemple, tout petit je jouais avec des Barbie. J’ai grandi avec ce sentiment que ce n’était pas normal et que c’était honteux, insurmontable à dire. Il fallait que je le cache, comme si c’était un crime. C’est la société qui nous conditionne à être un garçon qui joue aux voitures, et une fille à la dinette. 

Pourquoi l’envie d’écrire et de raconter tout ça ?

Parce que je suis convaincu que c’est le seul moyen de me reconquérir, de me libérer. Parce que c’était un ras le bol, j’avais la sensation de ne pas être pleinement moi-même. De jouer un rôle dans mon travail surtout, qui représente 90% de ma vie. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Je devais montrer qui je suis vraiment. Un humain est continuellement dans le changement, mais je sais que je ne veux plus être celui qui montrait une image de lui lissée, contrôlée, maitrisée. Il faut avoir le courage d’oser se montrer tel que nous sommes, même quand ça ne va pas. 

Tu as commencé ta carrière dans la mode, puis la télé. 

Je suis arrivé́ à Paris un an après le bac, pour intégrer le cours Florent. Au début, je voulais être styliste et j’ai frappé́ à la porte des maisons de mode. J’avais postulé chez Zara je n’ai pas été pris, mais par contre chez Givenchy oui. Puis j’ai été directeur adjoint de trois boutiques Burberry avant d’être débauché pour devenir directeur d’une boutique Chloé. Le luxe m’a appris la rigueur, l’excellence et l’élocution. J’ai appris à valoriser une histoire, à faire rêver.

Pour les médias, j’ai d’abord forgé mon expérience auprès des castings. Plus jeune, je croyais qu’il fallait que je sois connu pour pouvoir faire de grandes choses. Mais j’étais dans le faux. C’est par la suite que j’ai compris que seul le travail acharné et la persévérance priment sur tout le reste. En participant à différentes émissions (Cuisine, Relooking, Poker…), j’ai appris en observant les personnes qui travaillent dans l’ombre, les cadreurs, les directeurs de castings, les ingénieurs son, lumière, réalisateurs… Je me suis nourri de tous ces gens-là̀. Ils ont été une base, un premier exemple. Ça m’a définitivement servi pour ma chaine YouTube.

C’est pour ça qu’il ne faut pas jamais avoir honte de toutes les différentes étapes qu’on a traversé́, c’est ce qui m’a construit. 

Quel a été le déclic qui a fait que tu as créé ta chaine YouTube ?

Je travaillais pour une chaine people diffusée sur Canal Sat. J’ai été chroniqueur pendant 3 ans. Je suis impatient, j’ai tendance à vouloir bruler les étapes, je voulais avoir ma propre émission ! Mais on ne me l’a pas donnée ! Je devais peut-être faire plus longtemps mes preuves, mais je n’avais pas envie d’attendre des années.

Je suis donc parti et j’ai ouvert ma chaine YouTube, car ça me permettait d’être qui je suis, de mettre sur pied les formats que je voulais monter, sans attendre une validation, sans avoir besoin de copiner ou de créer des liens pour qu’on me donne mes chances à la télévision. Sur YouTube, tu te fabriques tout seul ! Je pouvais m’exprimer comme je le voulais ! Maintenant, c’est la télé́ qui essaie de copier ce que fait YouTube et ses créateurs de contenus. Longtemps j’ai rêvé́ de la télé́, aujourd’hui, je réalise la chance que j’ai d’être sur ce canal de diffusion privilégié qu’est YouTube.

Tes interviews sont surtout axées sur les candidats de téléréalités. 

Pas que ! Je suis intervieweur avant d’être un intervieweur de téléréalité́. Mes invités sont très variés. Cependant, la téléréalité est vectrice de grande visibilité́. Qu’on la regarde ou non, c’est un fait. Quand j’ai commencé́ en 2015, je trouvais que lorsqu’on parlait des candidats de téléréalité, c’était souvent pour s’en moquer. Ils n’étaient pas traités à leur juste valeur. Ceux sont des êtres humains avant d’être des candidats. Je voulais leur donner la parole autrement. Traiter le sujet avec sérieux. Tant au niveau du fond que de la forme. 

On te compare souvent à Jeremstar et on vous prête une rivalité.

Il n’y a aucun problème entre nous. On ne se connait pas ! Je trouve ça triste. La question est pourquoi avons-nous été comparés ? Parce qu’on est tous les deux gays et qu’on parlait téléréalité. Je trouve ça très réducteur et simpliste comme comparaison. Il y’a de la place pour tout le monde 

Est-ce que le fait que tu sois gay a justement joué un rôle durant ta carrière, Sam Zirah ?

Je pense que ça ferme des portes dans le milieu de la télé́, même si les professionnels du secteur diront le contraire. Il y a des quotas indirects. C’est bien d’avoir un ou deux animateurs gays mais pas plus, au même titre que les animateurs noirs. Je pense que c’est grave et c’est valable pour n’importe quel métier, de se dire qu’on doit embaucher un gay, un noir, un asiatique, pour ne pas se faire attaquer pour discrimination. Sur le web, c’est un avantage, car tu ne travestis pas qui tu es, les personnes viennent te regarder pour qui tu es et par choix. Dans les médias plus traditionnels beaucoup doivent le cacher encore. 

 Tu regrettes des choses ?

Ce n’est pas le mot regret que j’utiliserais, mais le mot « erreur positive ». Ces « erreurs » m’ont permis de grandir et de tendre vers une ligne éditoriale plus authentique. Par exemple, orchestrer un faux buzz. Lors d’une interview, il m’est arrivé́ qu’on me le propose et j’ai fait « l’erreur »d’accepter. En acceptant, je me considère autant responsable que cette personne. Bien sûr je regrette, cependant, il a fallu que je le fasse pour me rendre compte que je n’en voulais pas. Si on en tire des leçons, les erreurs ou les échecs sont très bénéfiques. 

Ce livre que tu sors, c’est la concrétisation de toutes ces années de travail, Sam Zirah ?

C’est plutôt la concrétisation de l’être humain que je suis et que je veux devenir. Mon travail me prend 90% de mon temps, mais il ne doit pas nous définir à autant de pourcentage. J’ai trop longtemps cru que je serais quelqu’un de bien si je réussissais socialement. Je ne veux plus avoir besoin du regard ou de de l’approbation de l’autre pour me prouver que je suis assez bien. Notre bonheur ne devrait jamais dépendre des autres. 

 Quel regard portes-tu sur le chemin parcouru ?

Je ne réalise pas les choses, je n’ai pas vu le temps passer. D’avoir pu mettre en œuvre un objectif professionnel que je m’étais fixé me rend heureux. Je ne savais pas dans quoi il fallait que je réussisse, mais il fallait absolument que j’y arrive. Aujourd’hui, si je regarde les chiffres et les faits, ça me fait tourner la tête. Car je me suis fabriqué tout seul, je n’ai pas été aidé.

Dernière question, est-ce que tu as déjà des idées pour la suite, ou bien tu te laisses porter ?

J’ai déjà̀ écrit mon propre concept de téléréalité, je songe à̀ le produire prochainement. Mon nouveau format d’interview « Pour Devenir qui je suis » du même nom que mon livre, va donner la parole à des personnes avec des parcours de vie incroyables et inspirants. C’est ça qui me fait vibrer ! J’adorerai aussi, après 3 ans d’études d’arts dramatiques, m’essayer à la comédie. J’ai pour philosophie de ne jamais attendre qu’on me propose quelque chose. Les opportunités, il faut se les créer soi-même. 

Plus d’infos :

Retrouvez l’interview de Sam Zirah ainsi que de nombreuses autres actualités, dans le dernier numéro de Garçon Magazine, en kiosque et chez votre marchand de journaux !

Damien Guignard

Passionné de musique, de théâtre, de littérature et de culture de manière générale, j'aime rester à l'affut des nouveautés musicales, mais aussi des droits LGBT.
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