Le Refuge

Le Refuge doit-il complètement se réinventer ?

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Depuis quelques jours, la politique du Refuge continue de faire polémique dans le milieu LGBTQI+. Et ce alors que le président historique, Nicolas Noguier, a pourtant annoncé sa démission.

Crédit photo : Le Refuge

Une véritable tempête ! Certains membres, salariés et bénévoles, ont dénoncé la nomination à la hâte d’un nouveau président pour représenter Le Refuge, mardi 2 mars. Et ce, sans avoir consulté l’intégralité des représentants du conseil administratif de la fondation. “Qui est Michel Suchod, qui aurait 80 ans, un illustre inconnu, du moins au Refuge ? Comment est-il sorti du chapeau à notre insu ? Pourquoi on nous l’impose ? Mystère.”, se demandent, en conséquence, certains d’entre eux, interrogés par Metropolitain. De ce choix jugé ambigu, ils demandent la démission effective de tous les membres du conseil d’administration.

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Dans un communiqué de presse daté du lundi 1er mars, Le Refuge a annoncé la nomination d’un président de transition en la personne de Michel Suchod. Pour justifier ce choix, le conseil administratif avance les différentes fonctions de cet ancien énarque politique : ancien membre du conseil d’état, président du bureau d’aide sociale en Dordogne. “Il a été le premier à mettre des appartements à disposition des femmes battues, mais aussi un des défenseurs de l’adoption du PACS.”, précise le document, publié sur le site de la fondation.

Une empreinte persistante

A l’instar de Nicolas Noguier et Frédéric Gal, des membres du conseil administratif ont été les premiers à réagir à l’enquête de Médiapart. En cause, ils réfutent toutes les accusations du média à l’encontre de la fondation et de ses responsables ; finances, fonctionnement, discriminations, agressions sexuelles, etc. “[Ils] ont prétendu que l’enquête de Mediapart visait à déstabiliser la fondation par militantisme.”, clame l’un des membres du CA. Des délégués régionaux, parmi lesquels celui du Pays de la Loire (qui a aujourd’hui démissionné), les soutiennent ardemment. Enfin, le jugement à venir de l’ancien président du Refuge pour les faits “à caractère sexuel” devraient impacter le fonctionnement de la fondation pendant encore quelques mois.

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En marge de l’enquête, des accusations de Pinkwashing font surface. « Ce qui n’est jamais passé, c’est qu’ils aient invité Christine Boutin, en 2012. Elle a pu faire sa communication et se racheter une conscience.”, déclare à demi-mot la responsable d’une importante association LGBTQI+ à Têtu. Ajoutons également que, lors des élections municipales, en 2020, Nicolas Noguier a reçu la candidate LR Rachida Dati, qui n’est pas connue pour son engagement pro-LGBTQI+, dans le local parisien du Refuge. Une pratique qui ne semble pas encore prête de disparaître puisque le directeur général, Frédéric Gal, occupe encore ses fonctions au Refuge. Ce à quoi certains membres voient en la candidature de Michel Suchod la solution pour le destituer et en finir une fois pour toutes avec l’ancienne politique.

De profonds changements envisagés

Dans la même publication, Le Refuge a annoncé son souhait d’inclure tou.te.s les ancien.ne.s et actuel.le.s bénévoles à sa nouvelle politique administrative et ses prochains projets. A côté de ça, le conseil administratif a émis un appel d’offre pour qu’un cabinet de recrutement indépendant se charge de la sélection pour les postes à responsabilité. “Nous allons continuer à travailler pour l’avenir du Refuge, plus inclusif, plus professionnel, plus éthique, dont l’importance dans les yeux de toutes-tous a été prouvée, dans la sérénité nécessaire pour les jeunes et nos équipes.”, mentionne ainsi le CA de la fondation.

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A côté de ça, certains militants affiliés au Refuge ont soumis l’idée de se rapprocher davantage du tissu communautaire. Et pourquoi pas même collaborer étroitement avec l’Inter-LGBT, qui fédère de nombreuses structures LGBTQI+ en France. “D’autant que la fondation capte énormément de subventions et de dons sans pour autant que cet argent soit toujours utilisé au mieux pour des actions concrètes. », assure un militant, pour Têtu. Une ouverture qui permettrait à cette “jeune” structure de grandir davantage et d’être moins repliée sur elle-même.

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