Paris : le premier procès d’une personne trans s’ouvre

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Le parquet de Paris a ouvert le procès d’une personne trans, Cristina, mardi 16 mars. L’audience intervient trois ans après les faits. 

Une première ! Ce mardi, le tribunal de Paris a démarré le procès autour de l’agression d’une personne trans, Cristina. Lors de l’ouverture de l’audience, l’accusé a reconnu sa responsabilité et les faits que la justice lui reproche. Ce à quoi la juge lui a posé des questions pour obtenir des détails sur le viol et les circonstances autour de l’agression, interrogations auxquelles il a répondu franchement. A la barre, sa conjointe l’a défendu, le qualifiant de “mari attentionné et à l’écoute, [qui] n’a jamais été violent”. “Est-ce que vous aviez remarqué son attirance pour d’autres formes de sexualité ?”, lui a alors demandé la présidente. “Non. On avait des actes classiques.”, a répondu l’épouse. Suivant ce premier jour au parquet, la justice reprendra l’affaire, jeudi 18 mars et devrait rendre le verdict, le même jour. 

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Les faits remontent à novembre 2018. A cette époque, le prévenu sollicite la travailleuse du sexe en lui demandant ses tarifs. Suivant le refus de la jeune femme d’un rapport non protégé, il la menace avec un couteau et la viole sans préservatif. De même, l’homme exige une fellation, la frappe au visage et lui extorque 150 euros. Le lendemain, la victime porte plainte pour viol, les forces de l’ordre arrivent à retrouver le suspect grâce à la vidéosurveillance. Traumatisée de cette expérience, elle n’a pas retravaillé et a dû interrompre sa transition, faute de moyens financiers et de situation stable. Aujourd’hui, elle espère que ce procès lui permettra d’obtenir justice et de reprendre un train de vie normal.

Une condamnation inattendue

Le dernier jour du procès, jeudi 18 mars, le tribunal de Paris a condamné l’agresseur de Cristina à huit ans de prison ferme. Ce qui démontre que la magistrature a été, pour la première fois, touchée par une telle histoire. « Je l’ai supplié de ne pas me faire de mal. Tout le temps, il m’a menacée avec son couteau. (…) Je pleurais beaucoup. J’étais terrorisée. Je lui ai dit, si t’as pas d’argent, c’est pas grave, mais fais-le avec un préservatif. (…) Il criait qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec moi. », a notamment raconté Cristina, à la barre, un jour plus tôt. En marge du procès, l’avocat de la partie civile, Julien Fournier, a salué l’écoute attentive de la justice.

Justice n’est (presque) jamais rendue

Encore aujourd’hui, peu d’affaires à caractère transphobe n’aboutissent sur une présentation en justice, à Paris et dans le reste de la France. “Si on est victime de viol, on n’est pas victime d’un délit. (…) La reconnaissance de l’aspect criminel est extrêmement importante.”, a déclaré l’avocat de Cristina. En conséquence, il précise qu’elles “sont les personnes les plus vulnérables : d’origine étrangère, sans titre de séjour, prostituées, trans. Il faut les protéger.”

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A raison, les travailleuses du sexe victimes d’agression sexuelle sont nombreuses, comme Angie et Claudia. Certaines d’entre elles n’ont pas la chance d’en ressortir vivantes, en référence aux morts tragiques de Vanesa Campos en 2018 et Jessyca Sarmiento, un an plus tard. Tout cela alors que “la plupart viennent en France pour exercer leur activité de prostitution, sortir de la pauvreté, continuer leur transition dans de meilleures conditions”, comme le souligne le chercheur de l’université de Reims, José Reyes.  Pour le moment, ces dossiers attendent toujours d’obtenir le verdict à la hauteur de l’agression.

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