A l’initiative du journaliste-radio, Jérôme Massela, l’épisode « Sexparty » met à l’honneur des personnes issues de la diversité. Dans des témoignages fleuves et sans filtre sur le chemsex, le professionnel laisse parler les intervenants sans commentaires, ni introduction. En cela réside toute la force de ce projet . Il en parle avec nous.
Quelle est la genèse de ce premier podcast, Sexparty ?
Lorsque j’ai commencé à entendre parler du chemsex, j’ai eu du mal à comprendre les ressorts du phénomène. J’avais compris le lien entre sexualité et consommation de drogue, mais je ne comprenais pas bien comment ce lien s’opérait, quels étaient les mécanismes.
Aussi, les informations me paraissaient assez techniques trop déshumanisées. Je ne comprenais pas quel était l’engrenage, quelles étaient les pratiques véritables, comment ça semblait pouvoir changer la vie progressivement.
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La première fois que je suis allé à un groupe de parole chemsex en observateur, j’ai découvert des garçons sensibles et meurtris. J’ai été touché par leurs histoires et c’est comme cela que j’ai commencé à comprendre le phénomène, comment on peut se laisser dépasser. C’est par l’histoire racontée avec les mots de la personne qui l’a vécue.
Avant vous, des auteurs, des militants, des médias et des élus s’emparent déjà de la question du chemsex. En quoi votre podcast fait-il donc la différence comparée à ces personnes et/ou à ces plateformes ?
Dans le podcast, je ne cherche pas à expliquer, à analyser, je me contente de recueillir une série de récits singuliers afin qu’une tendance « remonte » naturellement. J’aime la confrontation des points de vue.
Avec Sexparty, les histoires font écho entre elles, alors que les témoins ne se connaissent pas et n’ont pas écouté les autres témoignages avant de répondre. Ça permet de saisir une mécanique complexe sans généraliser ou simplifier.
Qu’entendez-vous apporter aux personnes « piégées » dans la spirale du chemsex avec ce podcast ? Une visibilité ? Une main tendue ? Autre ?
Les associations, les médecins travaillent pour donner des réponses aux personnes dépassées. Je pense que le reportage peut surtout toucher les nouveaux consommateurs et les non-consommateurs.
Ce que dit le sexologue et addictologue Alexandre Aslan sur la place importante de l’émotion dans la sexualité, sur le fait que les applications de rencontre amènent à consommer des « bouts de personne », ça peut aider à prendre du recul et c’est un point de vu utile, qui a besoin d’être entendu.
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Il y a une invisibilité très forte sur ce sujet. Le but premier du podcast est de faire un pont entre les consommateurs et les autres, sans stigmatiser, sans en rajouter, sans pathos ou sensationnalisme. En parler. Se parler.
Y a-t-il une part d’engagement derrière cette prise en charge de ce sujet ?
Effectivement, je crois que l’intérêt du format audio est de pouvoir toucher l’auditeur en le faisant rentrer dans un autre monde. Sans commentaire, le témoin parle directement à l’oreille de l’auditeur.
En étant porté par un récit, on découvre un sujet qu’on ne soupçonne pas. En exagérant, j’ai trouvé que les consommateurs pouvaient penser qu’il n’y a que du chemsex partout et les non-consommateurs complètement passer à côté.
Sexparty va donc faire partie d’une série de podcasts. Quels vont donc être les autres sujets forts que vous allez traiter ?
La Vie Humaine est un podcast généraliste sans commentaire, sans introduction et sans conclusion. Les prochains épisodes traiteront d’une campagne électorale houleuse dans une petite ville bretonne, d’une soirée punk racontée par leurs participants, d’une dame qui plaque tout à 60 ans…
Je ne veux pas faire un podcast lgbt ou féministe ou sur les drogues ou sur un sujet particulier, ce que je préfère c’est la diversité des histoires. Je veux parler de tous ces sujets au public le plus large possible pour que chaque épisode soit un voyage. J’aime penser que les témoins que j’enregistre pour différentes histoires ne se seraient jamais rencontrés.
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Avez-vous un message à adresser à nos lecteurs pour qu’ils suivent de près votre podcast ?
Pour ce premier épisode en tout cas, je dirais que si vous avez 50 minutes, il est nécessaire de l’écouter. Si vous consommez des produits, vous comprendrez mieux les mécanismes, les pièges du chemsex, les parcours d’engrenage et les solutions.
Si vous ne consommez pas, vous aurez la possibilité de comprendre ce qui se cache derrière une proposition de plan planant.
Plus d’infos :
Le premier épisode du podcast Sexparty est également disponible sur les plateformes de streaming audio Apple Podcasts, Spotify ou Deezer.