Elle incarne toute une époque avec ses spectacles, celle des grandes vedettes de la musique, Liza Minnelli, Johny Hallyday, Edith Piaf, Sylvie Vartan, et plus récemment Nicoletta. Cependant, le personnage préféré de Ludivine Valandro, c’est Dalida. Transformiste depuis trente-cinq ans, Ludivine Valandro est connuе pour ses interprétations visuelles et vocales de stars françaises et internationales. Aujourd’hui, en pleine répétition pour son prochain spectacle, elle se confie à Garçon Magazine et raconte son parcours artistique.
Ludivine, vous êtes en scène depuis trente-cinq ans. Quand vous regardez en arrière, que vous en dites-vous ?
La jeune que j’étais auparavant, je n’aurais pas pu imaginer de pratiquer aussi longtemps cette profession. Sachant que je n’ai pas terminé parce que je continue et je voudrais continuer. Pendant ces trente-cinq ans, il y a eu beaucoup de travail à faire, beaucoup de rencontres, de péripéties, de belles choses et des choses moins jolies, mais dans l’ensemble, si c’était à refaire, je le referais.
Au début, est-ce que vous avez eu des difficultés quand vous avez décidé de devenir transformiste ?
Non, ce n’était pas si compliqué que ça au début. On avait la possibilité de s’exprimer comme on voulait, et c’était une époque où il n’y avait que des professionnels sur scène. Alors qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’amateurs qui ne respectent pas forcément le métier ou qui n’ont pas la bonne approche. Cela a donc dévalorisé un peu notre profession de transformistes qui était à la base un métier reconnu. Aujourd’hui, avec tout ce qui s’est passé, certains jeunes mélangent les choses et les gens imaginent donc le transformiste comme une sorte de travesti qui se prostitue. Par exemple, les animateurs de l’émission télé « Les grosses têtes », qui ont catalogué mon travail de travelo. Ce comportement a vraiment rabaissé notre travail qui est en effet si dur et on se bat chaque jour pour innover. C’est le point le plus minable possible.
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Avant de vous lancer dans ce métier, avez-vous suivi une formation artistique ?
Je suis musicienne à la base. Quand j’étais très jeune, je faisais du piano, de l’orgue, de l’accordéon, du solfège. Je ne faisais pas encore des chants, mais je faisais du théâtre. En effet, j’étais tout le temps sur scène, même avant d’être imitatrice. On peut dire que la scène ne m’a jamais quitté.
Est-ce que c’est la scène qui vous a choisi ou est-ce que c’est vous qui avez choisi la scène ?
La scène m’a beaucoup aidé parce que j’étais une personne timide et j’ai même bégayé jusqu’à l’âge de 15 ans. Le bégaiement est moins récurrent maintenant, mais dans certaines situations cela m’arrive. La scène m’a permis de combattre ce problème.
Pourquoi avez-vous choisi le métier de transformiste ?
Je n’étais pas prédestiné de devenir transformiste. Je voulais faire du théâtre, mais la vie a fait que je suis partie très jeune de chez mes parents, j’avais 15 ans quand j’ai quitté la maison. Ensuite, je suis arrivé en Auvergne dans ce milieu où il y avait des spectacles transformistes. Quand j’ai vu ces artistes sur scène, j’ai été fasciné, parce que je pouvais lier la scène avec ma féminité. J’ai pu me retrouver dans cette voie et c’est la raison pour laquelle je suis devenue transformiste.
Vous avez interprété plus de centaines de personnages. Qui était le plus difficile à interpréter ?
En ce qui concerne les interprétations visuelles et vocales, je pense que cela a été Edith Piaf. C’est une interprétation où tout passe par le regard, par la posture, par les mains et par la voix, bien sûr, c’est une voix très spéciale. Il fallait que je développe une voix que je n’avais pas naturellement. Il ne faut pas oublier aussi qu’Edith Piaf était le premier personnage que j’ai interprété en live.
Et votre personnage préféré ?
Aujourd’hui, il y a un personnage qui s’est détaché des autres, et c’est Dalida. À l’époque, c’était Liza Minnelli, elle était mon cheval de bataille. Je l’ai fait encore. Mais aujourd’hui, ma préférence va à Dalida.
En quoi vous a-t-elle inspiré Dalida ?
Dalida m’a toujours plu ! Lorsque j’étais enfant, ma mère l’a adoré, et elle a dessiné des portraits de Dalida et a chanté des chansons de Dalida. En grandissant, j’ai regardé l’émission de Gilbert Carpentier où Dalida a participé. Elle était tout le temps très féminine, avec ses robes en paillettes, une voix spéciale qui l’a caractérisé, et tout ça m’a fasciné. Dalida, c’est une icône, tout juste. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens jeunes qui me contactent en me disant qu’ils adorent Dalida.
Qui vous a aidé pendant les premières années de votre carrière ?
J’ai appris toute seule. Quand j’étais très jeune, j’ai pu voir les transformistes dans les loges. Je regardais comment ils se maquillaient, et puis, dès que rentrais chez moi je prenais du maquillage et je refaisais ce que j’avais vu.
Comment choisissez-vous les chanteurs que vous interprétez ?
À l’époque, je les ai choisi par rapport à leur morphologie, alors qu’aujourd’hui je les choisis par rapport au challenge. J’aime beaucoup les challenges. Il y a quelques années, je n’aurais jamais imaginé de faire Johny Hallyday. Aujourd’hui, je fais Johny Hallyday sur scène qui est l’antipode de mon visage et de ma personnalité.