Rendez-vous avec Michel Fau, comédien et metteur en scène sachant passer en un clin d’œil du théâtre classique aux productions les plus délurées, en véritable caméléon de la scène française ! Mathieu Wilhelm est allé à la rencontre de cette personnalité haute en couleur qui saupoudre sa vie d’épices glanées on ne sait où, et qui nous inonde d’une charmante désuétude teintée de baroque et de kitsch…
Comme tous les artistes, tu es à l’arrêt forcé… Alors que fait Michel Fau quand il n’a rien à faire ?
Evidemment, je suis triste. Et il y a une chose qui me manque par-dessus tout, c’est les restos ! En même temps, je suis très bien seul chez moi, je lis, je regarde des films et des séries… Et puis je travaille, bien sûr, mais j’ai l’impression d’être à la retraite, c’est une sensation assez étrange…
Ce n’est pas pour autant qu’on t’a vu monter au créneau. On ne t’a pas trop entendu pendant les manifs pour la culture…
Je ne suis pas politiquement correct. Et je trouve qu’on a de la chance d’être en France. Quand tu regardes les autres pays comme l’Italie, ils n’ont aucune aide, ils sont en train de crever la gueule ouverte. Nous, on n’a pas à se plaindre. Et puis je n’ai pas de solutions. Les comédiens qui donnent des conseils à Emmanuel Macron pour diriger la France, ça m’agace.
Tu n’es pas un militant !
Je suis un punk, je n’ai aucune éthique et aucune conviction.
Tu es surtout un artiste excentrique… Tu n’as pas l’impression que cette excentricité se perd un peu aujourd’hui dans le monde du spectacle ?
Ah bah surtout en ce moment (Rires)! Le problème c’est qu’on a un peu censuré tout ce qui était déraisonnable et poétique… Aujourd’hui on fait des spectacles qui traitent de faits de société, et on prend les artistes pour des assistantes sociales… Nous ne sommes pas là pour être des éducateurs ! Il n’y a plus de place pour le scandale, c’est bien dommage.
Tu te considères comme un bizarre ?
Absolument ! Et aujourd’hui, tu ne reverras plus d’artistes comme Alain Delon, Depardieu, Polanski… Ces mecs étaient à la limite des voyous, des marginaux, mais on n’en veut plus…
Tu me tends une perche… Tu penses quoi du « vent debout » des élèves du Cours Florent contre leurs professeurs qu’ils accusent de trop de proximité, et de leurs abus dans l’apprentissage…
Mais évidemment qu’il y a un rapport de séduction ! J’ai enseigné, et il est bien présent… Et je suis tombé amoureux de certains élèves, et réciproquement, mais il ne s’est rien passé. Quand on met en scène un acteur ou une actrice, on est obligé de tomber amoureux…Regarde Truffaut et Godard ! Je ne dis pas que c’est bien de harceler les gens, mais ce qui est compliqué c’est de savoir où se situe la limite. C’est très ambigu.
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Et malheureusement, ceux qui se soulèvent, sont souvent ceux qui ont loupé leur carrière… Moi je fais partie de ceux qui ont dû réussir pour coucher, alors dès qu’on a parlé de moi, cela m’a donné un certain pouvoir, et j’ai eu beaucoup plus de conquêtes, même si je ne l’ai pas fait pour ça… Mais on drague avec ce qu’on a !
Michel Fau, les moments de folie et de création sont étroitement corrélés…
Quand tu crées, tu es comme un savant fou dans son labo ? Je ne te dirai pas ce que je fais quand je suis chez moi et que je lis les pièces sur lesquelles je travaille, sinon tu vas appeler l’hôpital psychiatrique pour qu’il m’interne… (Rires)
Découvrez la suite de l’interview avec Michel Fau dans le nouveau numéro de Garçon Magazine.