Depuis quelques jours, Nicolas Noguier, ancien président du Refuge, est sous le joug d’un scandale de viol. Cette dernière vient s’ajouter à la longue liste d’accusations auxquelles l’ancien responsable de la fondation fait face.
“Il s’agit d’un témoignage « idéal » envers un homme à abattre dans cette période troublée.”. Derrière cette phrase forte se cache une réponse à l’histoire d’un ancien jeune du Refuge, qui accuse directement Nicolas Noguier de viol. “Au travers de plusieurs propos incohérents on trouve des faits incriminés sans témoin, une « mise à la porte » du Refuge… Je tiens [donc] à vous présenter ici mon témoignage face à ces accusations diffamantes, calomnieuses et infondées que je réfute en bloc.”, a notamment déclaré l’ancien président de la fondation LGBTQI+.
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En dépit de ce qu’il considère comme des “fausses déclarations”, l’activiste a été “sensible aux souffrances et à la fragilité du jeune [témoin]”. Pour autant, il va porter plainte pour “chantage” et “dénonciation calomnieuse”, éléments qui vont s’ajouter dans le dossier judiciaire remis au parquet de Montpellier. “Mes avocats envisagent des poursuites pour diffamation envers les médias ayant publié, sans filtre, ce témoignage portant atteinte à ma dignité.”, précise Nicolas Noguier, sans mentionner de nom.
Un troublant témoignage
C’est vendredi 2 avril que le voile se lève. Dans une interview accordée à Têtu, le jeune Pierre (prénom modifié) confie l’histoire du viol qu’il dit avoir subi, en 2013, alors qu’il n’a que 16 ans. « Nicolas, c’était Mère Teresa pour moi à cette époque. Il était toujours disponible pour moi, alors que j’étais totalement abandonné.”, raconte-t-il. Afin de bien s’intégrer, il passe beaucoup de temps avec l’ancien président… jusqu’à ce jour, à une soirée annuelle. “[Dans la voiture], il m’a dit ‘ça va s’améliorer. T’inquiète pas, je suis là pour toi, toujours’. Puis, sans que je ne le vois venir, il m’a imposé une fellation. », raconte-t-il notamment. En plus de ça, des rapports sexuels non-consentis auraient également eu lieu peu de temps après.
De lourdes conséquences
Les jours suivant ce qui est un triste épisode, Pierre se mue dans le silence, pris entre son souhait de parler et celui de préserver son protecteur. « Il ne fallait surtout pas parler de ce qu’il s’est passé, sinon, cela aurait pu causer du tort à Nicolas. ». Sans que les motifs ne soient révélés à l’époque (des propos en mémoire du Maréchal Pétain apprend-on aujourd’hui), les responsables du Refuge prient le jeune homme de quitter les lieux. “C’était pour le couple (Nicolas Noguier de Frédéric Gal, ndlr) une façon de se protéger. Ils me mettaient dehors pour ne pas que je parle. Et si je le faisais, ils auraient pu décrédibiliser mon témoignage…”, estime-t-il.
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En réaction à la vague de témoignages, depuis quelques mois, le jeune homme s’est enfin senti prêt à témoigner. “Il faut le faire pour que les victimes soient entendues. Je ne voudrais pas que leurs témoignages soient un coup d’épée dans l’eau.”, affirme-t-il. “Ce qui me soulagerait, c’est que Nicolas reconnaisse qu’il m’a détruit. Je ne veux surtout pas d’argent et je ne souhaite pas qu’il aille en prison.”, poursuit Pierre, pour conclure.
Vers un dénouement ?
Témoignages, audit du BCG et enquête de Médiapart à l’appui, l’association des ancien.ne.s du Refuge a déposé plainte contre Nicolas Noguier et Frédéric Gal auprès du parquet de Montpellier. « Harcèlement moral », « travail dissimulé », « harcèlement sexuel », « délaissement », « corruption de mineur », « abus de faiblesse » et « non-assistance à personne en danger » sont autant de faits que le collectif dénonce. « S’il s’agit d’une plainte collective, il m’est complexe de répondre sans en connaître le contenu. », a déclaré le principal mis en cause à Têtu. « Si une enquête préliminaire a été ouverte, je laisse les enquêteurs faire leur travail et me convoquer le moment venu. », a-t-il ajouté.
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A peine un jour plus tard, l’association des ancien.ne.s du Refuge a réagi au témoignage du président historique de la fondation. « Il est courant que l’agresseur commandite des campagnes de décrédibilisation et de diffamation de la victime et de sa parole, mettant en doute son témoignage et renversant ainsi l’accusation. Ces méthodes iniques et d’une rare violence ne sont qu’à l’image de celui qui les emploie. », a-t-elle déclaré dans un communiqué, rappelant un fait similaire, survenu en 2007. Le collectif a ainsi réitéré son soutien plein et entier à Pierre, comme aux autres victimes. Elle a également requis son avocat sur les suites à donner au communiqué de Nicolas Noguier.