Photographie : Dans les coulisses du nu masculin

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Aleks, jeune artiste originaire de la Roche-sur-Yon, idéalise l’homme dans son approche à la photographie. Instaurant tout un monde fantastique, tout droit sorti d’un film de cinéma, il ramène ses modèles à leur état primaire, réveillant leur beauté naturelle et nue, et leur sombre intérieur. 

A peine les fenêtres ne s’ouvrent que des mains pénètrent dans un intérieur obscur, désireuses du corps nu et articulé qui s’y trouve… Cette seule phrase suffit à introduire la photographie d’Aleks, prémices d’un univers riche, intimiste, merveilleux et narratif. Renversant les codes couleurs et visuels, le jeune artiste anticonformiste crée une “bulle onirique” à taille humaine, théâtrale, folklorique, horrifique, absurde, mimétique… “Mes modèles ont régulièrement des poses tout en courbe, avec des postures de bras et de mains, de corps.”, confie-t-il.

Un amoureux de l’homme

Esthète à souhait, il glorifie “la beauté du corps masculin”, souvent en tenue d’Adam, le plaçant au centre de ses clichés. Ce qui lui offre d’ailleurs une dynamique intéressante et différente. “Dans mon travail, le corps nu est souvent laissé en proie à son environnement et ses ombres, qui le manipulent et l’entourent. Il est plongé, voire englouti, dans le décor, et se fond souvent dans la même ambiance que lui avec mes jeux de lumières et de couleurs, tout en se détachant paradoxalement de l’environnement.“, précise-t-il.

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C’est en cela que réside toute l’essence d’un art à son image et selon des goûts. “Je crée des personnages et des histoires de toutes pièces (ou inspirés d’œuvres populaires). Et, il y a constamment un double jeu entre l’environnement et le « personnage », qu’il s’agisse de nus artistiques ou non d’ailleurs.”. Soit, un univers passionnant et idéaliste, pour lequel le photographe se penche le temps d’un instant.

Vos photos semblent raconter une véritable histoire, comme on pourrait en voir dans un film de cinéma…

Complètement. La plupart du temps, je travaille mes photographies avec l’idée qu’il pourrait s’agir d’une scène de film, ou d’un clip. Comme un arrêt sur pause d’une scène qui raconterait donc quelque chose, en somme. Je marche aussi beaucoup au feeling, à la sensibilité et l’inspiration du moment et du décor; et parfois l’histoire vient une fois la photo terminée. 

Je ne sais pas toujours ce que je raconte moi-même dans mes photos dès le départ, mais je sais que je suis souvent attiré vers l’absurde, le fantaisiste et les ambiances très contrastées. Les histoires sombres, les ambiances tristes ou mélancoliques sont généralement le fil conducteur à ces histoires qu’on peut interpréter à sa guise. 

Dans vos clichés, vous mêlez donc photographie et cinéma. En quoi est-ce important de montrer la compatibilité entre ces deux univers, différents et proches à la fois ? 

Pour moi, ces deux univers sont extrêmement proches : l’un est fixe, l’autre en mouvement. Ils se complètent constamment et s’entremêlent sans limite, surtout aujourd’hui avec la vidéo, le cinéma et les séries, les réseaux sociaux… J’ai souvent tendance à me dire que les scènes et les personnages de ces univers ont des vies passionnantes ! Et, c’est ainsi que je prends plaisir à me lancer ces défis démesurés de mises en scène et à créer quelque chose de plus fantaisiste que notre train de vie habituel. 

En dehors de juste “prendre des photos”, j’aime avoir l’idée que mes photographies puissent s’apparenter à des screenshots d’une scène de film. C’est pourquoi je travaille sur ces deux aspects en même temps. J’aime partir de rien pour créer des objets et des décors comme un accessoiriste. Rafistoler des tissus pour créer un costume, et concevoir tout un tableau comme le ferait une équipe, lors de la réalisation d’un film, aussi. d’un simple bout de carton, de vieux bouts de tissus, d’un lot de vaisselles, je réussis ainsi à transfigurer un film (ou une scène) de cinéma en une série d’images fixes ou à créer tout un tableau que j’avais en tête. 

Là où beaucoup de photographes utilisent soit des couleurs chaudes, soit des couleurs froides, vous utilisez les deux, ce qui est singulier. Est-ce là le moyen de montrer que la photographie n’a pas besoin d’être rangée dans telle ou telle case ? 

Pas vraiment non. Je pense que ce choix est surtout dû à mon amour des couleurs (je ne fais pas de noir et blanc, je n’y trouve pas du tout la même saveur); et aussi de mes inspirations: le cinéma, la pop culture. Au cinéma, « traditionnellement », on va assimiler l’ombre aux tons froids, la chaleur et la lumière aux tons chauds. 

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Plus on avance, plus ces codes sont renversés, le rouge vif peut paraître tout aussi froid et angoissant qu’un bleu glacé, selon l’ambiance et la mise en scène. J’adore faire des photos sombres, parfois très noires, et faire ressortir une couleur « acide » de manière assez vive, comme pour percer l’obscurité. 

De temps à autre, vous passez devant l’objectif. Est-ce manière de montrer que vous pouvez avoir les deux casquettes, modèle et photographe ? 

Effectivement. Toujours dans cette idée de « cinéma » j’adore me mettre en scène et jouer un personnage, souvent triste, mélancolique ou sombre. J’y prends énormément de plaisir. 

Tout mon travail est vraiment dans la création de personnages et de situations. Dans les projets où je suis aussi face caméra (et où je suis donc sur tous les fronts), tout ce processus devient un véritable film à péripéties multiples.

L’info en plus : 

Aleks travaille actuellement à la réalisation d’un second court-métrage, il prévoit aussi d’inclure des personnages populaires, de films ou de jeux vidéo, dans ses clichés. En attendant, découvrez son approche à la photographie sur son compte Instagram.

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