Marie Cau, incroyable ascension de la mairie vers l’Elysée

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Depuis son élection, en mars 2020, Marie Cau, première maire transgenre, est dans tous les médias, français et étrangers. En pleine ascension, elle vise désormais le palais présidentiel. 

Marie Cau

A peine lit-on Tilloy-lez-Marchiennes qu’on pense forcément à Marie Cau. Jeune ingénieure en informatique et mère de trois enfants, l’élue présente sa candidature aux Municipales 2020. Sans étiquette politique et inconnue du milieu, elle croit pourtant en sa victoire électorale face au maire sortant, Jean-Luc Bot. C’est, pour l’actuelle mairesse, un moyen de participer au changement, comme le font d’autres personnalités trans. Laverne Cox, Giovanna Rincon, Karine Espineira, Eliott Page et Georgina Beyer pour n’en citer que quelques-unes. 

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Pendant des mois, la candidate se met en campagne, et défend son programme “Décider ensemble”. A aucun moment, elle n’adopte une démarche militante, mais plutôt “un discours de normalité”, ce qui lui permet d’avoir beaucoup de soutien. Lors du premier tour, en mars 2020, elle récolte 63,5% des votes aux urnes et, deux mois plus tard, obtient le soutien quasi-unanime du conseil municipal, avec 14 voix favorables sur 15. Dès lors, la femme politique devient la première maire transgenre de France. 

Une visibilité médiatique inattendue

Dès son entrée en fonction, les médias affluent devant la mairie de Tilloy Lez-Marchiennes pour la rencontrer, à commencer par le journal nord-pas-de-calaisien, La Voix du Nord. Le Courrier Picard, Le Figaro, Le Point, Têtu, Komitid, Sud-Ouest, Garçon Magazine. Dans les Unes, sur les couvertures de magazine ou bien dans les pages, on ne parle plus que de Marie Cau. A l’étranger, c’est le même son de cloche, De The Guardian au New York Times pour les journaux généralistes et de LGBTQ+Nation à Attitude pour la presse LGBTQI+, tous les journalistes s’emparent de l’information. Et ce, sans qu’elle ne s’y attende. 

Le phénomène se poursuit

Quand elle annonce sa candidature aux élections présidentielles, fin 2020/début 2021, Marie Cau attire une nouvelle fois l’attention des médias, à commencer par La Voix du Nord et Têtu. “Je me lance dans cette démarche pour réussir et être élue, sinon je ne le ferais pas.”, déclare-t-elle notamment au second média. De cette façon, elle entend apporter un nouveau souffle à la politique, faire avancer le pays d’une autre manière, “plus intelligente”. 

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Sans être pour autant un “porte-drapeau”, la mairesse entend toutefois porter les voix des minorités et apporter, comme elle le déclare à l’organe de presse LGBTQI+, une “vision du monde plus tolérante et créative, [mais aussi] une autre manière de penser”. “Il faut combattre la haine par la bienveillance”, confie l’élue locale au média, Les éclaireurs. “[À tout moment], nous pouvons avoir une régression des droits des femmes et des personnes LGBTQI+ avec les extrêmes, droite comme gauche.  Nous l’avons vu en Hongrie, en Pologne et aux Etats-Unis. Il faut donc leur faire barrage.”, confie-t-elle à Garçon Magazine. Le temps d’une pause, Marie Cau revient sur les coulisses de sa future campagne.

La préparation de votre campagne se passe-t-elle bien, Marie Cau ?

Plutôt bien, oui. J’ai énormément de retours positifs, les personnes me soutiennent. J’ai également mis en place un formulaire de soutien, une centaine de personnes a répondu présent. Je suis confiante.

Je n’ai jamais fait de campagne avant, je n’ai donc pas de référentiel. Mais, je m’adapte. D’autant que ce n’est que le début. Et puis, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon

Vous parlez justement du formulaire de soutien…

C’est pour identifier ceux qui veulent participer à la campagne, je ne peux pas réaliser la campagne toute seule, j’ai besoin d’aide, d’une équipe, de finances. 

Dans votre premier live sur Instagram, vous avez émis un appel à idées. Que donne cette initiative ?

Les idées qui reviennent sont sans surprise : PMA, GPA, précarité, séparatisme, laïcité, etc. Il n’y a rien de novateur, ce sont des préoccupations qui existent depuis plusieurs années déjà.

A côté de ça, j’ai créé un blog, dans lequel je reprends des sujets d’actualité et des questionnements qui surgissent sur les réseaux sociaux : patriarcat, violences sexuelles… Il sert d’ébauche à mon futur programme politique.

Vous avez statué sur un objectif de 500 parrainages avant de vous lancer officiellement dans la course aux présidentielles. Combien en avez-vous reçues pour le moment ?

Zéro officiellement mais j’ai déjà reçu une soixantaine de promesses orales en moins de 15 jours. Je suis donc très optimiste pour la suite, on devrait les obtenir, mon équipe et moi-même, d’ici quatre ou cinq mois sans trop de soucis. 

Comment allez-vous appréhender votre campagne, suivant cela ?

Nous allons nous dispatcher sur les différentes régions, sachant qu’il faut avoir des signatures sur 30 départements. Dans les Hauts-de-France, j’ai déjà toutes les promesses et signatures, je dois les mettre à l’écrit. Donc, si tout se passe bien, je devrais avoir nos signatures écrites et confirmées d’ici octobre prochain.

Allez-vous rencontrer les Français.e.s, comme le fait par exemple l’actuelle mairesse de Paris, Anne Hidalgo ?

Non, aucun besoin. Je rencontre les Français.e.s, enfants comme adultes, tous les jours, dans la rue, à l’école et dans les supermarchés. Ils viennent même dans mon bureau. C’est mon travail, mon quotidien.

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Quand vous êtes maire d’une petite commune, vous êtes toujours au contact de la population, vous connaissez leurs préoccupations, vous discutez avec eux pendant 15-20 minutes sur différents sujets. Samedi [3 avril, NDLR] par exemple, j’ai échangé avec des personnes alors que je faisais des courses. 

C’est donc ce soutien que vous attendez pour les présidentielles ?

Evidemment. C’est atypique, je sais, mais je ne veux pas rentrer dans le système de la politique politicienne, de l’adoubement par des hommes et femmes politiques. Au contraire, je souhaite que les délaissés et les petites gens se prennent en main, qu’ils soient derrière moi pour qu’on puisse changer la France. Je compte aussi sur la communauté LGBTQI+. 

En parlant des personnes LGBTQI+, justement, vous soutiennent-elles ?

Objectivement, je ne sais pas. La communauté est tellement variée, riche, différente. C’est donc difficile d’avoir une vision globale, une métrique précise. D’autant qu’elle n’est pas hyper politisée. J’espère donc qu’elle me soutiendra complètement, puisque représentant un électorat allant de 5 à 10%. 

Marie Cau
Si vous devenez présidente, quelle serait la première chose que vous feriez ?

Faire le bilan de la Covid-19 : rééquiper les hôpitaux en lits de réanimation, réorganiser les services médicaux. Après, il y a tellement de sujets à aborder, en attente depuis plusieurs années : éducation, violences sexuelles, logement, précarité, droits LGBTQI+, etc. Le chantier est massif.

Plus d’infos :

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