Le Refuge

Le Refuge aurait-il oublié sa mission première ?

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Depuis sa création en 2003, Le Refuge a pour vocation de venir en aide aux jeunes LGBTQI+ démunis. Seulement, avec le scandale récent, la nouvelle direction semble avoir oublié cette action essentielle…

Crédit photo : Le Refuge

Vers une chute ? Projet à l’initiative de Nicolas Noguier et de Frédéric Gal, Le Refuge voit le jour en 2003, à Montpellier. Dès le départ, sa mission, clairement affirmée, réside dans la prise en charge des jeunes dans la rue. Et ce, à cause des LGBTphobies au sein des familles. Première structure à prendre “à bras le corps” cette question essentielle, là où l’Etat peine à avoir la mainmise dessus, l’association (son statut à l’époque) est rapidement saluée. Et, cette implication va lui permettre de grandir, année après année, créant des antennes un peu partout en France. Paris, Lyon, Le Mans ou encore Lille pour n’en citer que quelques-unes. C’est le point de départ d’une longue aventure, faite de renommée. 

Une ascension fulgurante

Dès les années 2010, la fondation (son statut, aujourd’hui) attire l’attention des pouvoirs locaux et de l’exécutif. A ce moment, les diverses opportunités que lui confèrent les différentes instances du pays permettent au Refuge d’élever la voix des jeunes LGBTQI+ à une plus grande échelle. Par exemple, interventions dans le système éducatif, participations à des cérémonies caritatives, aux galas mondains, à des conférences. 

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Tant dans le secteur privé que public, l’organisation caritative obtient le soutien de nombreuses personnes, jusqu’aux personnalités reconnues. Parmi elles, notamment,  Nicola Sirkis, Roselyne Bachelot, Muriel Robin, Jean-Luc Romero, Christophe Beaugrand, Kévin Elarbi et bien d’autres. 

Le Refuge

Ce gain de notoriété permet à l’association de l’époque de recevoir divers prix et diverses reconnaissances, parmi la récente reconnaissance de ses formations en milieu scolaire, en septembre 2020. Mais, cette renommée ne sera pas sans risques, que le statut de fondation, acquis en mars 2020 et annoncé officiellement pendant la semaine nationale du Refuge, en octobre (la même année).

L’engagement s’effrite

Quand un scandale éclate en décembre 2020, relatif à l’enquête de Médiapart, Le Refuge est dans tous ses états. Pour tenter de rétablir la situation, Nicolas Noguier sollicite les services du Boston Consulting Group (BCG). Suivant une longue enquête de deux mois, agrémentée par le recueil de plus de 1500 témoignages, le cabinet indépendant remet un dense et accablant rapport de 38 pages. “Un certain nombre de faits graves ont été portés à l’attention de notre équipe, [en particulier] des dysfonctionnements structurels imposant une réaction forte et urgente.”, alerte-t-il notamment. La plupart des accusations portées mettent en cause l’ancien président et le précédent directeur général personnellement : “Harcèlement moral”, “travail dissimulé”, “harcèlement sexuel”, “délaissement”, “corruption de mineur”, “abus de faiblesse” et “non-assistance à personne en danger”. Ceci marque une grande descente… aux enfers.

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Dès lors, Nicolas Noguier, puis Frédéric Gal, quittent leurs fonctions au sein de la fondation, dans ce que beaucoup (en interne) vont considérer comme “un départ forcé”. Telle une “chasse aux sorcières”, les renvois des délégataires et hauts-responsables s’enchaînent, délaissant ainsi toutes les autres missions, même l’accompagnement des jeunes. En tête, le président intérimaire Michel Suchod, la vice-présidente Marie-Claude Farcy et le conseil d’administration valident les exclusions. Parmi les exclusions, les noms de Sabrina Askelou et Michel Bourigaud vont notamment sortir dans les médias spécialisés et généralistes. Doit-on y voir une disparition du Refuge, à l’avenir ?

Les initiatives foisonnent, les jalousies s’agitent

En dépit des renvois, les personnes anciennement impliquées dans l’accompagnement des jeunes arrivent à maintenir le cap sur ce volet. En ce sens, Nicolas Noguier vient en aide à Famille au grand cœur, qui suit les jeunes LGBTQI+ et migrants démunis et demandeurs d’asile. A côté de ça, Michel Bourigaud va s’investir à 100% au sein du collectif TouSEXplique 72, où il s’engageait de la même manière que pour Le Refuge, depuis quelques années. “Une demi-douzaine de jeunes ont été accueillis.”, justifie-t-il d’ailleurs.

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Loin de la fondation, certains activistes semblent vouloir avoir la mainmise sur ce volet, en particulier à Paris. En effet, la récente tribune, publiée sur Têtu, pointe du doigt la fondation et clame leur volonté ferme d’accompagner les enfants de la communauté. Joël Deumier et Flora Bolter (Fiertés en commun), Yohann Allemand (Association des ancien.ne.s du Refuge), Laurence Vanceunebrock (députée de l’Allier) ou encore Arnaud Alessandrin (Sociologue), pour n’en citer que quelques-un.e.s. Ce qui semble en dire long sur leurs intentions…

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