Des jeunes gays seraient-ils jaloux des personnes d’en haut ?

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Depuis janvier 2021, des jeunes gays sortent de plus en plus du silence dans ce qui est le #Metoogay. Sur fond d’accusations de viols et actes sexuels non consentis, ils tentent de faire tomber des hauts responsables, tous milieux confondus. 

Ce que nous connaissons comme étant le #metoogay, phénomène nécessaire pour les jeunes gays, démarre en septembre 2020. À l’époque, Matthieu Foucher, journaliste chez Vice.com, consacre une enquête fleuve sur le sujet. S’appuyant notamment sur l’étude d’un spécialiste français, Alexandre Aslan, il constate qu’un sondé sur trois a déjà subi un abus sexuel ou un viol avant leur majorité. 

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Partant de ce postulat, il interroge de nombreux témoins autour de la question : pourquoi la plupart des gays n’ose-t-elle pas en parler ? “C’est lié au fait de réveiller la honte, on n’a pas envie de donner des clefs aux homophobes qui veulent voir chez nous une sexualité [victimaire], de personnes blessées qui vont mal et reproduisent des schémas destructeurs.”, lui répond ainsi l’un d’entre eux. 

C’est le point de départ d’un fracassant phénomène qui, bien qu’en berne pendant quelques mois, prendra réellement de l’ampleur en décembre 2020. 

Libérer la parole

Quand Camille Kouchner dévoile l’effroyable réalité du viol de son frère, alors mineur, par Olivier Duhamel dans Familia Grande, les jeunes gays y voient là un signe pour parler. Un mois après donc, en janvier 2021, Guillaume T publie un témoignage accablant à l’encontre de Maxime Cochard, qu’il accuse d’agression sexuelle et d’abus de faiblesse. Selon lui, l’élu, encarté PS, “se permettait de me mettre une main aux fesses par surprise alors que je le croisais en manif. Encore une fois, j’ai pris du temps pour me rendre compte que c’était une agression sexuelle”. Malheureusement, il n’aura pas la possibilité de porter sa parole en justice, puisqu’il se suicidera quelques semaines plus tard. 

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À partir de ce moment, une vague de témoignages afflue sur les réseaux sociaux, tous sous le hashtag #metoogay. “J’avais 11 ans, et un corps d’enfant. Il avait 16 ans et demi et [était plus] adulte. “Ça a commencé par du chantage. Puis par des pénétrations forcées, de l’humiliation, et du dégoût à mesure que mon corps devenait pubère. Ça a duré 6 ans.” témoigne un internaute. “J’avais 10 ou 11 ans. On ne m’a pas cru quand je l’ai dit. Ça a en partie flingué mon adolescence et ma famille, cela a retardé mon coming out de je ne sais combien d’années. Il m’a fallu des années pour pouvoir en reparler.”, confie Matthieu Foucher, le journaliste qui s’est intéressé à #Metoogay, sur Twitter

Crédit photo : Twitter

A aucun moment, toutefois, ils ne témoignent les noms de leurs bourreaux, préférant (peut-être) laisser la justice travailler, ou bien pour ne pas faire de délation. Que sais-je ? En tout cas, c’est le début d’une grande déflagration qui touchera plus d’une personne et plus d’une structure. 

Un scandale sans précédent

En décembre 2020, Médiapart sort une enquête accablante à l’encontre du Refuge. Dans les lignes, l’article relate ce qui est considéré par beaucoup comme des accusations graves, mettant notamment en cause Nicolas Noguier et Frédéric Gal. “Harcèlement moral et sexuel”, “travail dissimulé”,  “délaissement”,  “corruption de mineur”, “abus de faiblesse” et “non-assistance à personne en danger”, pour n’en citer que quelques-uns.

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Outre l’audit du BCG qu’a sollicité l’ancien président de la fondation, des témoignages affluent dans les médias généralistes et spécialisés, parmi ceux de Pierre (Têtu*), Adam (Marianne) et Julien (France 3 Occitanie). Des papiers factuels également : L’Obs, BFMTV, Komitid, Garçon Magazine, Midi Libre… Sur le fond, pourtant, certains auteurs des textes s’attardent principalement sur la parole des victimes, laissant peu ou pas de droits de réponse aux personnes mises en cause. De ce fait, la transparence est quasiment absente, amenant une prise à partie médiatique en masse, à diviser plus d’un camp… même au sein de la communauté LGBTQI+. 

Le Refuge

Dès lors, on se pose une question essentielle : quand la justice va-t-elle enfin éclaircir cette situation ? Réponse la semaine prochaine, au parquet de Montpellier. En tout cas, les jeunes témoins, qu’ils aient raison ou non, et les personnes derrière elles semblent tout sourire, puisqu’ils ont déjà (en partie) gagné contre ceux qu’ils accusent, après avoir participé au départ, “forcé” de Nicolas Noguier et Frédéric Gal. 

*Au titre de l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881, Têtu a rectifié son erreur professionnelle en relayant la publication, sur Facebook, de Nicolas Noguier, sur son site internet.

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