Le Refuge

Le Refuge : les décisionnaires auraient-ils perdu leur langue ?

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Depuis leurs nominations, le président Michel Suchod et la directrice générale Marie-Claude Farcy n’ont jamais pris la parole officiellement. Dès lors, on se demande s’ils étaient, à tout hasard, muets, laissant Le Refuge éclater de toutes parts et disparaitre… 

Le Refuge

Après le départ de Nicolas Noguier du Refuge en février dernier, que beaucoup ont jugé “forcé”, le conseil d’administration a désigné Michel Suchod comme nouveau responsable en chef. “Il a été le premier à mettre des appartements à disposition des femmes battues, mais aussi un des défenseurs de l’adoption du PACS.”, avait alors déclaré l’organisation dans un communiqué, publié début mars. 

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À aucun moment, pourtant, le principal concerné ne se prononce sur ce choix. “Qui est Michel Suchod, qui aurait 80 ans, un illustre inconnu, du moins au Refuge ? Comment est-il sorti du chapeau à notre insu ? Pourquoi nous l’impose-t-on ? Mystère.”, se demandent, en conséquence, certains membres et anciens de la structure interrogés par Metropolitain.

Une organisation dans tous ses états

Trois semaines plus tard, les communiqués semblent montrer la volonté de la structure d’accompagnement des jeunes à changer le système. Dans cet élan, une première initiative, à savoir le comité de suivi des engagements (que dirigera Jean-Baptiste Marteau, mais qui n’annoncera aucune idée novatrice ni ne sera représentatif du Refuge, cela dit), voit le jour. Puis, plus rien. Pour ces raisons, certaines voix, qui soutiennent le responsable historique Nicolas Noguier, crient haut et fort le manque d’actions fortes pour pérenniser la mission première de la fondation. 

Crédit photo : Le Refuge

Ces prises de position entraînent des renvois non négociables (sinon des démissions) des délégataires, bénévoles et autres personnes. Frédéric Gal, Sabrina Askelou, Dominique Gozillon ou encore Michel Bourigaud, pour n’en citer que quelques-uns. Cependant, ces décisions ne seront jamais annoncées, aucun communiqué ne sera publié sur le site après le 25 mars 2021. De même avec la nomination de Marie-Claude Farcy comme directrice générale. 

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En conséquence, les ancien.ne.s peineront à faire entendre leurs voix, obligé.e.s de garder les lettres de renvoi pour eux.lles (si tant est qu’elles en aient). Du moins, jusqu’à ce que la délégation de Montpellier prenne la parole, début mai…

Les mécènes s’en mêlent

Dans une récente adresse à la nouvelle direction, que nous nous sommes procurés, des mécènes du Refuge (Randstad, Microsoft France, Axa France, Levi-Strauss & co, Naturalia, Kiehl’s) n’ont pas caché leurs inquiétudes quant à son fonctionnement et à l’exercice de ses missions.“Un redressement vigoureux et urgent nous semble absolument nécessaire […] afin d’apaiser les relations avec les délégations locales sur le terrain, de rassurer les jeunes hébergés et, naturellement, de restaurer la réputation de la fondation.”, ont-ils notamment confié. Pour ces raisons, ces donateurs permanents suggèrent, entre autres choses, “d’établir un cadre éthique clair, de porter la même attention à la professionnalisation de la gestion des finances et de mettre en place une communication régulière et transparente sur le programme des réformes [et de nous remonter] leur état d’avancement”.

Nouvelle direction, une réaction ?

Encore aujourd’hui, les décisionnaires restent muets quant au climat actuel (cela n’aura pas été faute de les contacter sur ça). Pourtant, face à ce scandale sans précédent, les acteurs de la fondation sont en pleine détresse. En effet, selon le rapport d’une médiatrice du Refuge en interne (que nous avons pu consulter), ils ont “peur de ‘se faire voler’ le Refuge, d’être renvoyé en cas de lien avec les anciens responsables”. Ils craignent également “une ‘hémorragie’, un départ massif des bénévoles et un ‘appel d’air’ qui empêcherait les délégations de fonctionner concrètement dans le quotidien des personnes hébergées”

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Pire encore, les membres de la fondation sentent “une épée de Damoclès” au-dessus de leurs têtes, à cause de la “pression, violence et menace” qu’exerce ADAR sur eux. Surtout si un jeune leur “pose problème”, car opposé aux positions du collectif. « Le Refuge a perdu son humanité, ses valeurs de bienveillance et de tolérance. », a d’ailleurs pointé Dominique Gozillon, alors responsable de la ligne d’urgence du Refuge dans sa lettre de départ. En conclusion, qu’attendent les actuels dirigeants de la structure, première structure à s’impliquer dans cette noble cause, pour réagir, mieux communiquer et pour rétablir un climat de confiance ? Quelle tristesse ce serait si elle venait à disparaître…

C’est du moins la situation que n’espère pas cette même médiatrice, ayant, par ailleurs, organisé un audit interne en avril 2021. Ce dispositif devrait bientôt mettre en lumière la réalité du terrain et proposer des recommandations pour sortir de ce scandale. Enfin, si la nouvelle direction le permet, puisque, comme le rapporte Dominique Gozillon, cette dernière bloquerait sa parution.

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