« Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui », l’ouvrage franc et sincère signé Arthur Dreyfus

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Dans un journal intime d’une taille impressionnante (2300 pages), Arthur Dreyfus documente ses rapports sexuels, ses réflexions aussi. Avec une sincérité remarquable et une franchise implacable, « Journal sexuel d’un garçon d’aujourd’hui » parle de tout sans aucun tabou (sexe, solitude, relations, littérature). Le résultat fulgurant donne une véritable « bible » du sexe. Pour Garçon Magazine, Arthur Dreyfus se penche sur son dernier livre.

Votre ouvrage est d’une taille très impressionnante, 2300 pages. Peut-on parler d’une véritable « bible » du sexe ?

Peut-être par son volume ! Mais je ne prône aucun dogme. Mon livre n’édicte aucun code de conduite. C’est l’expérience d’un garçon d’aujourd’hui, qui épouse l’élan de son désir, se laisse emporter, terrasser par ce désir. Cela étant, il y a un côté religieux dans toute abnégation.

J’ai été, et je le suis peut-être encore au fond de moi, un fanatique du sexe, comme d’autres sont fanatiques de Dieu. Si Jésus a dit : « Tout est amour », je rejoins Freud qui dit : « Tout est sexuel. » Et puisque vous me demandez, je veux bien assumer la comparaison entre mon livre et la Bible, dans la mesure où la question centrale, qui a guidé mon voyage charnel, rejoint celle que se pose tout texte sacré : comment survivre à soi ? Comment trouver l’équilibre entre corps et esprit ? Sauf erreur de ma part, vous avez écrit ce journal pendant cinq ans.

Comment avez-vous procédé à la rédaction ? S’est-elle faite d’une traite ou en plusieurs étapes ?

Un après-midi, je travaillais dans un bureau, je m’apprêtais à faire « un plan », et j’ai ressenti un déclic que je ne peux expliquer : écrire le moment sexuel que je m’apprêtais à vivre. À partir de là, je n’ai pas su m’arrêter. Les trois lignes de départ sont devenues des paragraphes, des pages entières. Le moulin s’est mis en marche, et bien vite, mon carnet secret a commencé à s’épaissir. Une part secrète de ma vie se muait en texte.

Dès le début envisagiez-vous de publier ce journal ou, au contraire, pensiez-vous le garder pour vous ?

Ne parvenant à rien écrire d’autre pendant des années, j’ai peu à peu accepté l’idée que ce journal serait mon prochain livre. Et j’ai eu beaucoup de mal à l’accepter. En même temps, le fait de ne pas envisager dès le départ une publication m’a offert une liberté. Mon intention était de tout dire sans exception : les lavements, les mauvaises pensées, les stratégies un peu minables, les mensonges, les accidents, mes ridicules prétentions, mes préjugés… Pour revenir au Christ, il y a cette idée, dès l’origine, que tout humain renferme une part de bonté et une part bestiale. Le pur et l’impur. Le diable et l’ange. Or la tentation est grande, quand on écrit sur soi, de ne retenir que l’ange. Ou d’édulcorer la part d’ombre. À la relecture, je me suis donc efforcé de ne faire preuve d’aucune complaisance envers moi-même.

Michel Leiris, dans sa préface de L’Âge d’homme, le dit mieux que moi: « Comme si j’avais escompté que mon talent de peintre et la lucidité exemplaire dont je saurais faire preuve compenseraient ma médiocrité́ tant que modèle ». Je ne prétends pas être un type bien. Mais je juge la qualité d’un livre intime à deux critères que j’ai tenté de respecter : une manière personnelle de dire le monde – et surtout un écart le plus faible possible entre l’image rendue, et l’authenticité du vécu.

Retrouvez la suite de notre entretien avec Arthur Dreyfus dans Garçon Magazine n31, disponible ici !

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