Regards de Cannes #3 – Questions de genre(s)

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Cette année à Cannes, deux films : une fiction et un documentaire, abordent les problématiques liées à l’identité de genre. Un fait suffisamment rare pour être souligné.

Dans la prestigieuse Sélection Officielle, on trouve en séance spéciale hors compétition l’ovni They de la réalisatrice iranienne  Anahita GHAZVINIZADEH, lauréate du premier prix de la Cinéfondation. Il met en scène un adolescent dans la banlieue de Chicago,  J. qui refuse de définir son appartenance de genre et prend des traitement hormonaux pour stopper sa croissance. Confié  le temps d’un weekend à sa soeur et son compagnon iranien, le cours de sa vie va basculer.

D’une grande finesse, ce film aborde des questions complexes sans jamais juger ou chercher à simplifier, et c’est sa grande force.

C’est l’un des premiers films à aborder aussi frontalement la question de la fluidité de genre, avec un regard qui ne serait ni médical ni psychiatrique, mais juste l’observation bienveillante d’un personnage qui ne se cherche pas vraiment, car il n’éprouve pas la nécessité de choisir.

On pense bien sûr à un syndrome de Peter Pan face à cet adolescent qui ne veut pas choisir et pas grandir, mais c’est déjà trop réducteur.

Dans la section ACiD, on retrouve Coby documentaire réalisé par le français Christian SONDEREGGER sur son demi frère transsexuel vivant aux Etats-Unis dans une petite bourgade du Midwest.

Nettement plus frontal et émotionnel que They, il nous fait suivre à l’aide d’image d’archives l’incroyable parcours de Coby, aidé par les réseaux sociaux , une famille à peu près exemplaire et surtout l’amour inconditionnel de sa petite amie Sarah, qui l’accompagne dans sa transition.

Traversé de moments de grâce inouïs, le film est probablement l’un des plus forts sur la transexualité jamais produits.

Le regard est juste, les mots choisis, la sincérité palpable… On pense souvent au travail documentaire de Sébastien Lifshitz (Bambi, Les Vies de Thérèse …), et c’est un vrai compliment.

Difficile de rester insensible devant ce témoignage d’une grande richesse et ce personnage si attachant jusque dans ses imperfections.

De quoi ravir la Queer Palm à « 120 battements par minute » de Robin Campillo ?

Gageons que la présence de ces deux films dans le plus grand rendez-vous cinématographique mondial leur assure une diffusion la plus large possible.