Profession “illégale” en France depuis 1946, les travailleur.se.s sont depuis persécutées par le système qui les invisibilisent et vivent constamment dans l’insécurité. Cette année, le confinement et la crise sanitaire n’ont pas aidé leur situation et , de fait, venue accélérée leur précarité, déjà bien présente. A Toulouse, l’association Grisélidis se mobilise également pour les travailleur.se.s du sexe pendant toute la durée du confinement et ce autant qu’à l’accoutumée. June Charlot, chargé de projets chez Grisélidis, fait un état des lieux des actions menées.
En quelques mots, qu’est-ce que Grisélidis ?
Nous sommes une association de santé communautaire pour le travail du sexe. Santé communautaire signifie qu’une partie des membres de l’association est ou a été travailleur du sexe. On existe depuis 20 ans et notre mission principale est la lutte contre le VIH et les IST,
Nous favorisons l’accès au droit commun pour les travailleurs et travailleuses du sexe et la lutte contre les violences et les discriminations Dans tout le territoire français, notre association se mobilise ainsi pour les personnes qui exercent leur profession dans la rue ou qui postent leurs annonces sur internet.
Encore aujourd’hui, on en sait très peu sur les chiffres concernant les agressions des travailleurs du sexe. Comment l’expliquez-vous ?
La prostitution est un sujet de société qui est très clivant. L’État considère que la prostitution est une violence et aborde de fait une position abolitionnaire. En conséquence, les agressions faites aux travailleur.se.s vont être invisibilisées.
Pour être plus clair, si un.e travailleur.se du sexe porte plainte à la police après une agression sexuelle par un client, les forces de l’ordre ne reconnaitront pas cette dernière à cause de la position étatique. Pire encore, les forces de l’ordre vont considérer l’acte non comme un viol mais comme un différend commercial, rendant responsable le travailleur.se. du sexe de son agression.
Récemment, certains collectifs de travailleurs du sexe ont souligné l’impact que pourrait avoir la loi Avia sur le travail du sexe. En quoi cette loi va t’elle impacter le travail du sexe ?
Cette loi concerne essentiellement les travailleurs du sexe du milieu pornographique, qu’ils soient actrices/acteurs porno ou webcameurs, Lorsque ces personnes feront leur promotion sur les réseaux sociaux (Twitter, Insta, Facebook) la loi Avia va obliger ces plateformes à censurer tout un tas de contenus. En ce sens, ces travailleurs vont devoir se cacher davantage ce qui mettra à mal nos relations avec eux, sachant qu’il est aujourd’hui très difficile de se mettre en contact avec des gens.
Aujourd’hui les personnes de l’industrie porno peuvent, en vendant des nudes, des sextapes, faire leur petit business de manière assez indépendante. Cette loi va censurer tous ces travailleurs en favorisant les grosses productions porno telles que Marc Dorcel, J&M. Pourtant, nous savons que dans ces productions, les conditions de travail de ces professions sont dégradées et peu respectueuses à plein d’endroits. Conséquemment, la loi Avia risque de supprimer l’indépendance les acteurs/actrices porno et webcameurs en les obligeant à se rattacher à de grosses productions pour garder un minimum de visibilité.