À l’occasion de la Semaine nationale du dépistage du VIH au Royaume Uni, le magazine Attitude donne la parole à Dr Ranj Singh. Dans une tribune émouvante, le médecin s’interroge sur la lutte contre le VIH et sur l’importance du dépistage.
Je me souviens toujours de mon premier dépistage VIH. Cela faisait partie d’une série de tests sanguins que j’ai effectués dans le cadre d’un dépistage standard pour le travail.
« Ce n’est pas grave », ai-je dit, « il suffit de cocher cette case. » A cette époque-là, je n’avais pas encore fait mon coming-out, et j’étais dans une relation hétéro sérieuse. Je n’ai pas battu une paupière, parce que pour moi, honnêtement, cela ne me semblait pas pertinent.
Quelques années plus tard, j’ai fait mon coming-out et j’étais dans ma première relation gay monogame. Maintenant, me faire dépister était différent. Bien que mon comportement sexuel (et mon niveau de risque) n’ait pas vraiment changé, pour une raison étrange, je ressentais que le test portait plus de poids maintenant.
Pour la première fois, j’ai ressenti un extrait de la stigmatisation que ressent une grande partie de la communauté queer lorsqu’il s’agit de toute sorte de problème de santé sexuelle ou de dépistage - notamment en ce qui concerne le VIH/Sida. C’est à cause de cette stigmatisation que beaucoup de gens croient toujours que le VIH n’est pas leur problème : cela ne concerne que les autres.
A lire aussi : VIH : DEUXIÈME CAS MONDIAL D’UN PATIENT EN RÉMISSION
Pour notre communauté, le Covid-19 n’est pas la première pandémie à laquelle nous avons été confrontés. Les tests et le traçage n’ont rien de nouveau pour notre communauté. Le dépistage opportuniste du VIH est maintenant déployé dans de nombreux établissements de santé - y compris le mien. Même si nous avons été, et le sommes toujours, touchés de manière disproportionnée, le VIH/SIDA n’a jamais été uniquement le nôtre - il affecte tout le monde. Cependant, la communauté LGBT + a définitivement été au centre de la lutte contre ce virus, et tout le monde devrait en tirer des leçons.
La campagne I = I, soulignant l’importance et l’impact du traitement du VIH dès que possible, a été lancée par une personne homosexuelle. La récente offre généralisée de la PrEP - une autre grande réussite - a également été dans la plupart dirigée par notre communauté.
Tous ces efforts ont commencé à porter leurs fruits. Le rapport le plus récent de Public Health England a montré que les nouveaux diagnostics de VIH ont diminué de près de 30 % depuis 2014, la baisse la plus marquée chez les hommes gays et bisexuels. Il y a maintenant un réel espoir que nous pourrons atteindre l’objectif du gouvernement et mettre fin à la transmission au Royaume-Uni d’ici en 2030 - bien qu’il reste manifestement encore beaucoup de travail à faire au niveau international.
A lire aussi : LA GÉNÉRALISATION DE LA PREP VA DEVOIR ATTENDRE
Cependant, même au Royaume-Uni, cet objectif ne peut être atteint qu’en faisant tester les gens. Il y en a encore beaucoup de personnes qui ne savent pas qu’ils sont séropositifs - plus de 100 000 au moins, selon les derniers décomptes. Ne pas connaître votre statut, cela signifie que vous pourriez transmettre le virus sans vous en rendre compte. Et ce message s’applique autant à la communauté hétéro.
Il est urgent de mettre un accent sur les tests, en particulier pour les groupes auparavant sous-représentés, y compris les personnes qui ne sont pas d’origines européennes. D’une certaine manière, le Covid 19 y a contribué, nous nous habituons tous rapidement au dépistage.
De plus, on n’a jamais vécu dans une époque comme la présente. Pendant les confinements, notre contact avec les autres est restreint, et nous avons donc la possibilité de briser la chaîne de transmission du VIH en nous faisant dépister à la maison.
C’est si facile à faire - et gratuit aussi. Allez simplement en ligne et commandez un kit pour vous-même. La démarche exacte dépend de ce qui est proposé dans votre région. Je l’ai fait tellement de fois que j’ai même publié une vidéo sur Instagram où j’ai expliqué comment nous faire dépister pour le VIH chez nous. Une petite piqûre au doigt et voilà !
Les réponses que j’ai eues (en grande partie hétérosexuelles) m’ont ouvert les yeux, car beaucoup d’entre eux ne savaient rien sur ces tests, et sur leur efficacité. À ce moment-là, j’étais fier de participer dans ce dialogue, et pour la première fois depuis longtemps, je n’ai pas ressenti la stigmatisation que je ressentais auparavant.
A lire aussi : Comment les clubs gays préparent-ils leur réouverture ?
Nous devons tous adopter l’initiative de prendre soin de nous-mêmes et de notre communauté, mais aussi de donner un exemple. Montrez aux autres pourquoi, c’est important. Criez-le depuis les toits ensanglantés et laissez tout le monde profiter de ce que nous savons. Nous n’avons certainement pas déclenché l’épidémie du VIH/sida, mais nous pouvons montrer au monde comment y mettre fin.