Fred Colby apprend qu’il est séropositif en 2009, six ans après son installation à Paris. Les deux premières années, il rencontre des difficultés dans l’acceptation de sa maladie. Mais, très vite, il se rapproche d’associations LGBTQI+. Militant dans la lutte contre le VIH depuis 10 ans et auteur de « T’as pas le sida, j’espère ?! », Fred Colby a appris à bien vivre sa séropositivité. Il se confie.

Comment gériez-vous votre séropositivité, au début, Fred Colby ?
Ça a été compliqué surtout à cause de la sérophobie en société et au sein de la communauté gay. Sur les applis de rencontre, on me posait souvent des questions comme “Est-ce que tu es clean ?”, puis on me bloquait lorsque je disais que j’étais séropositif et avant même que je n’ai le temps de faire de la pédagogie.
Lorsque je me suis engagé dans le milieu associatif, ça m’a donné plus d’assurance, d’estime de moi et de confiance en tant que séropositif. J’ai pu gérer le regard des autres et répondre aux attaques et remarques désobligeantes, ce qui était compliqué au départ.
Aujourd’hui, savez-vous donc quoi répondre ?
Oui, et avec humour. Si, par exemple, un garçon me demande si je suis clean, je lui dis que j’ai pris une douche. En somme, il faut essayer de contourner avec pédagogie en expliquant qu’une personne dépistée et traitée ne transmet pas le VIH Pour être franc, c’est plus safe d’avoir un rapport sexuel avec une personne séropositive sous traitement qu’avec une personne séronégative qui ne se fait pas dépister régulièrement ou qui est atteinte par le VIH/ SIDA sans le savoir.
La communauté LGBTQI+ est-elle plus sensible sur ces sujets, en 2020 ?
Oui, ça commence à se savoir avec la PrEP, présente un peu partout sur le web. Après, la sérophobie, c’est un peu comme toutes les phobies. C’est souvent irrationnel. Et puis, il n’y pas assez de campagnes de communication nationales U = U, sur la PrEP.
A lire aussi : Michel Ohayon, directeur médical en centre de santé communautaire
Les personnes sont souvent ignorantes, ont du mal à y croire, sont récalcitrantes, méchantes, se braquent ou refusent catégoriquement de savoir. A de nombreuses reprises, j’ai expliqué à des garçons que j’étais indétectable. Pourtant, ils ne voulaient pas avoir de rapport sexuel même avec préservatif.