Ils sont barmaids, fonctionnaires de police, gérants d’instituts de beauté, etc. S’étant mis en couple en plein cœur de la crise sanitaire, nombreux sont ces amoureux « covidiques » qui craignent désormais que le probable retour à la normale ne sonne le clap de fin de leurs idylles.
Fabricio Lima, serveur au Raidd bar et à Sephora, nous parle de ses angoisses et des répercussions que pourrait avoir, non seulement la reprise de son rythme de travail effréné, mais aussi sa vie nocturne sur sa relation avec Julien qui a commencé en plein pandémie de COVID-19.
Un mal pour un bien
« À chaque CRISE suffit sa peine ». Comme ne le dit pas le dicton. Derrière les plus de 3,2 millions de morts à l’échelle de la planète – au moment où nous écrivons ce papier -, les emplois perdus par millions et les perturbations psychologiques engendrées notamment chez les plus jeunes, la pandémie de la COVID-19 aura toutefois permis de ralentir certaines cadences de travail débridées, et favoriser la rencontre de plusieurs mondes qui, jusqu’alors, se télescopaient sans jamais prendre le temps de se parler.
C’est ce qu’a vécu Fabricio Lima, 36 ans, serveur au Raidd Bar et à Sephora, habitué des soirées de la nuit gay.
En effet, obligé de combiner plusieurs emplois pour arriver à joindre les deux bouts, ce sexy péruvien a vu sa vie se transformer du jour au lendemain en raison des mesures prises par le gouvernement afin d’endiguer l’épidémie.
Perte de revenu, emploi précaire, couple… il raconte : « Par exemple, j’ai eu une grande perte de gain(-50 %) et ai traversé des moments de grands doutes. En revanche, j’ai trouvé quelqu’un, alors qu’avant, je n’y parvenais pas à cause de mes horaires de travail ».

Le COVID-19, un booster des rencontres amoureuses ?
« Oui ! », répond Fabricio Lima et ajoute : « du fait de mes activités professionnelles — qui m’occupaient 7j/7 —, je n’avais pas de vie sociale, encore moins de vie amoureuse ».
Le COVID-19 lui aura ainsi permis de sortir de sa routine et de mieux sociabiliser avec l’autre, dans un contexte pourtant marqué par la distanciation sociale.
En réalité, si les confinements successifs ont été difficiles à vivre pour tout le monde, pour cet employé du Raidd Bar, par contre, cela a été l’occasion de prendre du temps pour soi, de voir/revoir des amis et d’avoir un rapport à l’autre plus profond.
Il explique : « Avant la pandémie, je rencontrais beaucoup de personnes sur mon lieu de travail. Il y avait de nombreuses interactions, et on pouvait donc facilement trouver des partenaires d’une nuit, même sans passer par les applis de rencontres. En revanche, cette période de pandémie m’a aidé à avoir une vie plus sociale que sexuelle. »
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Quand on lui demande comment il a rencontré son chéri, le péruvien répond « en marchant mdr », avant de tout nous dévoiler : « on s’était déjà vu il y a plusieurs années en arrière. Là, on s’est revu sur une application de rencontres et nous sommes convenus d’un rendez-vous pour discuter. À force de passer du temps ensemble pour se “tenir compagnie” et combattre notre solitude mutuelle, un soir, après avoir mangé, et malgré le couvre-feu, il m’a proposé de rester. Nous avons regardé un film, et voilà… l’histoire se poursuit jusqu’aujourd’hui. »
Plus d’une année après cette nuit charnelle, le couple se sent de plus en plus fort, aidé par le ralentissement de l’activité économique qui leur permet de se voir à des fréquences régulières.

Une sortie de crise sanitaire espérée, mais risquée
Soupirant de fait après la sortie de ce marasme sanitaire, il craint cependant que cet idéal ne se transforme en cauchemar pour la survie de sa liaison.
Il explique :« Le gros challenge, ce sera quand je reprendrai mon train-train quotidien, car je vais de nouveau travailler la nuit. Contrairement à Julien qui a une vie normale, moi, en journée et en soirée, je bosse. »
Si les deux tourtereaux sont tout à fait conscients de cette difficulté à venir, ils préfèrent pour autant éviter le sujet : « On n’en parle pas trop. C’est délicat. On ne sait pas comment on va gérer cela », confie le sympathique serveur qui s’inquiète : « le coronavirus nous a “unis”, j’espère que la “vie normale” ne nous séparera pas . J’espère avant tout garder ma relation amoureuse, essayer d’avoir des jours de repos pour revoir les amis que je me suis faits pendant la pandémie. J’espère également retrouver mes collègues, les clients, cette ambiance festive, mais aussi pouvoir aller voir ma famille, chez nous, au Pérou ».
Image principale : Fabricio Lima, Instagram