Single Step

Single Step, la fondation qui fait battre le cœur de la communauté LGBTQ bulgare

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Pour beaucoup de Français, les droits LGBTQ en Europe de l’Est restent peu connus. À part certaines actualités liées à l’homophobie en Pologne ou en Hongrie, les médias étrangers en parlent rarement. En Bulgarie par exemple, depuis quelques années, la fondation Single Step est l’un des acteurs principaux dans la lutte pour les droits LGBTQ. Dans le cadre du partenariat entre Garçon Magazine et le média bulgare OUT.bg, Ivan Dimov, son fondateur, nous en dit plus.

Peux-tu te présenter et nous raconter la création de ta fondation ?

Je m’appelle Ivan Dimov, j’ai vécu pendant des années aux États-Unis, où j’ai fait mes études avant de travailler à Wall Street dans le secteur financier. Il y a cinq ans, je suis revenu en Bulgarie pour créer ma propre fondation LGBTQ, Single Step.

Raconte-nous cette histoire…

Lors de mes vacances en Bulgarie en 2016, j’ai rencontré un garçon âgé de 19 ans qui avait récemment dit à sa mère qu’il était gay. Elle l’a emmené chez un psy pour qu’il « guérisse la maladie ».

Le jeune homme s’est enfui de chez lui et a fait une tentative de suicide. Bouleversé par cette histoire, et par le manque de soutien aux jeunes LGBT en Bulgarie, je me suis réinstallé dans mon pays natal pour créer la Fondation Single Step.

Quelles sont ses missions ?

Son premier objectif était de soutenir les jeunes LGBTI et leurs familles, à l’époque. Aujourd’hui, nous avons plusieurs casquettes : l’accompagnement professionnel des jeunes LGBT, la santé sexuelle et la prévention, ainsi que des campagnes pour la visibilité de notre communauté en Bulgarie.

Vous avez également ouvert un nouvel espace, une sorte de centre LGBTQ. Peux-tu nous en parler plus ?

C’est un espace partagé, appelé The Steps (Les Marches), un café-bar, avec une salle de projection qui vise à réunir la communauté LGBTQ et ses alliés. Ce lieu fonctionne comme une entreprise sociale, dont le but est de générer des revenus, qui financeront la fondation. De même, il a pour ambition d’être un espace inclusif qui attire des personnes partageant les mêmes idées.

Comment se situe la Bulgarie concernant les droits LGBTQ ?

La situation n’est pas aussi difficile que dans les pays où les gens LGBTQ sont emprisonnés ou, au pire, tués. Pourtant, à l’échelle européenne, la Bulgarie est l’un des pays les plus homophobes. Alors, la sensibilisation de la société est l’un des buts principaux du mouvement LGBTQ bulgare.  

Il y a aussi, le problème de financement du milieu associatif, car l’Etat ne soutient pas les associations LGBTQ. Contrairement à d’autres pays en Europe (la France, y compris), le gouvernement bulgare n’a aucune politique pro-LGBTQ.

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Quel est le rôle des médias dans cette sensibilisation que tu viens d’évoquer ?

Essentiel ! C’est justement pourquoi Single Step a créé OUT.bg, en septembre 2020. C’est un média qui vise à parler des sujets LGBTQ de manière inclusive, sans opposer les différentes communautés. Les médias doivent trouver un terrain d’entente entre les divers points de vue et parler à toute la société, et non seulement aux LGBTQ.

Cependant, le rôle de la culture est aussi important. Récemment, on a vu comment des séries comme Pose et It’s a Sin, sont arrivées à donner de la visibilité à la communauté aux Etats-Unis et Angleterre. Ces séries ont eu un impact énorme sur l’avancée du mouvement LGBTQ.

Photo : Facebook/Single Step

Quelles sont les autres activités de la fondation, hormis le soutien des jeunes LGBTQ ?

Parmi nos activités principales est le programme de santé sexuelle et VIH, qui a débuté il y a trois ans avec un projet de dépistage VIH à domicile. C’était le premier projet de ce type en Bulgarie et il a porté ses fruits.

En Bulgarie, le plus gros problème lié au VIH est la stigmatisation. Les personnes ne se font pas dépister parce qu’ils craignent l’homophobie, surtout dans les petites villes. Alors, quand elle est sortie, notre campagne a connu un grand succès et a même été citée par l’Organisation mondiale de la santé comme un exemple de la façon dont les associations peuvent résoudre des problèmes au niveau national.

Suite au succès de ce projet, notre chargé du programme de santé sexuelle a rejoint le comité du ministère de la Santé, assigné à définir la nouvelle stratégie de lutte contre le VIH.

L’équipe de la fondation Single Step, Photo : Facebook/Ivan Dimov

Quelles sont les activités prévues pour les mois à venir ?

Nous organisons des projections de films, des apéros projections de séries et des discussions ouvertes. Nous prévoyons également des expositions pour le mois de la fierté (en juin, NDLR), des concerts et plus encore. J’espère qu’il n’y aura plus de confinements pour que The Steps puisse accomplir pleinement ses missions.