Depuis son lancement en 2015, la Fondation FIER a eu pour objectif de sensibiliser sur les LGBT phobies en vue notamment de l’organisation des Gay Games en 2018, à Paris. Premier aboutissement avec « l’appel de Paris 2018 » : 18 recommandations pour un sport plus inclusif. Cette initiative va lui servir de rampe de lancement au grand chantier qu’elle propose aujourd’hui, à savoir un guide de préconisations et un label. Pascale Reinteau et Manuel Picaud, co-présidents fondateurs de l’organisation nous en parlent longuement, à l’approche des JOP 2024.
Avec ce guide, vous déployez un projet de grande envergure sur le volet LGBTQI+. Est-ce le bon moment ?
Pascale Reinteau : Je ne saurais dire si c’est exactement le bon moment, mais nous sommes arrivés à une phase de maturité, dans la continuité de ce que nous avons fait en 2018, lors des Gay Games. On y travaille depuis longtemps et nous aurions dû, d’ailleurs, le proposer l’an dernier si la crise sanitaire n’était pas passée par là.
Manuel Picaud : Ça l’est toujours. Il est important de dresser un bilan, dix ans après le lancement de la charte contre l’homophobie dans le sport, et d’aller encore plus loin.
C’est-à-dire ? Expliquez-moi !
Manuel Picaud : Cette charte avait pour objectif de reconnaître, recenser et sanctionner les propos homophobes, promouvoir la diversité et soutenir les personnes homosexuelles dans le sport, éduquer sur le sujet. Malheureusement, dix ans après, les LGBTphobies persistent encore.
Retrouvez également : Qweek, une longue et incroyable histoire de numéros
Il y a beaucoup de tabous sur l’identité de genre, le parcours des personnes trans est particulièrement difficile. Les discriminations inconscientes demeurent, avec des compétitions limitées aux couples hétérosexuels dans le patinage, ou une pratique de la gymnastique rythmique quasiment exclusivement réservée aux femmes.
En dépit des dispositions et des lois, les incidents sont mal recensés, souvent traités à minima. On a toujours une certaine invisibilité des athlètes de haut niveau LGBT. Depuis Amélie Mauresmo, seule une douzaine de sportifs ou sportives de haut niveau ont fait leur coming-out, ce qui ne reflète pas la réalité. Il était important de travailler à un guide recensant les bonnes pratiques et préconisant la mise en place d’actions concrètes.
Pascale Reinteau : Le sujet concerne tout le monde du sport. Il est donc nécessaire de toucher toutes celles et tous ceux qui font le sport d’aujourd’hui, du/de la président.e de fédération à l’éducateur sportif.
Votre projet semble être une compilation des initiatives entreprises jusqu’à présent. Doit-on y voir une synthèse, un prolongement ou bien les deux ?
Pascale Reinteau : Les deux, c’est l’idée, oui. Nous sommes passés d’une charte contre l’homophobie à un guide de préconisations contre les LGBTphobies ; des campagnes de communication ont également été réalisées, mais demeurent insuffisantes pour faire changer les choses.
Aujourd’hui, le guide incite à avoir une approche plus complète, à mettre en place des plans d’action, de formation et des programmes éducatifs. On déploie un panel assez large de mesures pour que les organisations soient plus efficientes et investies qu’auparavant, avec notamment le label FIER.
Retrouvez l’interview avec les responsables de FIER dans le nouveau numéro de Garçon Magazine disponible ici.