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Dominique Besnehard, 10% d’argent, 90% d’amour

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La tête chercheuse du PAF Dominique Besnehard accorde à Mathieu Wilhelm un entretien pour Garçon Magazine dans son appartement parisien, à deux pas de l’Arc de Triomphe. Une fois la porte poussée, c’est toute l’histoire du cinéma qui nous jaillit en pleine face… Entre une revue de Première négligemment laissée sur le sol, une bibliothèque aux 5000 Dvds, et une montagne de « claps » de tournage, le décor est immédiatement planté : nous sommes chez le Pape des salles obscures… Cette vie d’agent de stars, il la raconte dans son dernier livre « Artmédia, une histoire du cinéma français », du nom de l’agence qui aura inspiré, 45 ans après sa création, le fameux bureau d’artistes ASK de la série phénomène Dix pourcent, sous la patte de Besnehard, évidemment. 

Une interview de Mathieu Wilhelm

Dominique, vous dites ne pas pouvoir vivre sans les acteurs… Avec la disparition de Belmondo, il y a quelques semaines, vous perdez un petit bout d’âme ? Sans Jean-Paul, elle est moins Bebel, la vie ?

Evidemment que sans les acteurs, je ne suis plus rien… Mais je n’ai pas été un intime de Belmondo, je n’ai jamais vraiment travaillé avec lui. Ce qui me fascinait chez lui, c’était son itinéraire d’acteur. De sa tout première apparition en 1957 dans Les copains du dimanche, un film produit par la CGT, jusqu’à sa rencontre avec Godard, son histoire est fabuleuse. 

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Je ne peux pas vivre sans la mémoire des acteurs. Mais de là à dire que je suis en deuil, je mentirais. J’ai quelque chose en 10% d’agent, 90% d’amour moi de Belmondo, comme tout le monde, mais à travers le cinéma, pas à travers notre relation. Maintenant si vous me parlez de Caroline Cellier qui nous a quittés il y a un an, là, j’ai beaucoup souffert… 

Quand vous étiez tout gosse, vous vous enfermiez dans le grenier de vos parents et vous rédigiez des fiches sur les plus grands acteurs de l’époque, seul avec tous. Aujourd’hui, on vous voit toujours seul, avec tous. Vous faites un métier de solitaire ?

J’aime la solitude par-dessus tout, lorsque c’est moi qui la choisis. Je pourrais être beaucoup plus entouré si je le voulais. Quand on est agent, on est sollicité 24h/24 et on vit uniquement à travers les autres, donc à un moment il faut se retrouver. 

Et puis, elle reflète sans doute un manque de confiance en moi. Et plus loin que ça, je suis quelqu’un qui doute, sans arrêt. Je me suis toujours dit que je ne détenais pas la vérité, et c’est certainement cela qui m’a permis d’avancer. 

Vous n’avez pas confiance en vous; mais avez-vous confiance en l’avenir du cinéma, à l’heure des Netflix et autres plateformes de streaming ?

Mais Netflix a ses limites ! Et il peut parfois être salutaire… Pour les documentaires ou les séries par exemple, à l’heure actuelle, il n’y a rien de mieux. Mais de là à dire qu’il remplace le cinéma, non, c’est complètement faux. 

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On ne remplacera jamais ces lieux où les gens se rencontrent et partagent ensemble un petit moment de vie. Les gens vont de moins en moins à l’église, il faut qu’ils aillent de plus en plus au cinéma ou au théâtre ! 

Vous êtes nostalgique ?

Terriblement ! Vous voyez par exemple, je suis un fou de Wikipedia ! Pas uniquement pour aller à la pêche à l’info basique, mais pour me plonger dans la vie des personnalités. Ça m’a toujours passionné ! Je vais fouiller dans tous les détails de leur vie, de leur carrière, de leurs secrets…

Retrouvez la suite de l’interview avec Dominique Besnehard dans le nouveau numéro de Garçon Magazine disponible ici.

Plus d’infos : 

Dominique Besnehard

En librairie : « Artmedia, une histoire du cinéma français » de Dominique Besnehard et Van Egmond, Editions de L’Observatoire