En 2020, 23 hommes ont été tués dans le cadre de violences conjugales au sein des couples gays. Ce seul chiffre suffit à montrer l’absence de parole sur un fléau pourtant bien présent et plus important. Quelles en sont les causes ? Qui est réellement touché ? Y a-t-il de véritables actions ? Ce mini dossier entend bien éclaircir ce phénomène peu pris en compte, avec notamment une interview et un témoignage.
Spécialiste : Emeric Friedman, « ce n’est pas un phénomène que l’on peut observer à l’instant T »
Dans le cadre de ses études, Emeric Friedman s’est intéressé aux violences conjugales dans les couples d’hommes. Le résultat, édifiant, a donné une enquête de fond visant à mettre en lumière ce fléau (cf. p 32-33 du magazine). Le chercheur universitaire en parle avec nous.
Dans quelles circonstances vous êtes-vous intéressé à ce fléau ?
J’avais déjà entendu parler, au cours de discussions, de situations similaires, mais dans des configurations homme / homme. Ceci dit, quand je demandais à mes intervenants s’ils avaient eu l’occasion de rencontrer ce genre de cas, on me répondait que non, que l’opportunité ne s’était jamais présentée. Cela m’a interpellé.
À ce moment, je me suis alors beaucoup interrogé sur les causes pour lesquelles ces « occasions manquées » prenaient forme. Et, c’est ainsi que mon intérêt pour le sujet est né, puis mon investigation.
Témoignage : Xavier, « je me suis rendu compte que c’était dans sa nature d’être comme ça »
Comme beaucoup, Xavier a subi le fléau des violences conjugales. À divers degrés, son compagnon s’en est pris à lui, physiquement et verbalement. Aujourd’hui en voie de guérison, cette triste expérience l’empêche de reprendre goût à l’amour d’un homme, ce qui est pour lui difficile. Il témoigne.
Savez-vous pourquoi vous êtes attiré par les hommes violents ?
Oui. J’ai eu une enfance violente, ma mère me maltraitait, mes frères et sœurs s’en prenaient aussi à moi. Dans mes relations, j’ai tenté de combler le manque affectif, mais je suis sans cesse retombé dans le même schéma. *
Venons-en à votre histoire. Comment tout a commencé, Xavier ?
Au départ, ça a été du harcèlement moral, il me manquait de respect, m’insultait : petit con, bâtard, fils de p***. Rien de bien méchant (du moins, c’est ce que je pensais).
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Quand on sortait pour voir des amis, il en profitait pour me rabaisser, disant notamment : « Il est comme mon ex, un branleur ». Et, alors que je tentais de me défendre, il rétorquait : « n’essaie pas d’avoir raison, tu auras tout le temps tort, c’est moi le chef ici, le roi. ».
Puis, plus tard, il a fait tout son possible pour m’éloigner de certains de mes proches…
Retrouvez l’intégralité du dossier sur les violences conjugales au sein des couples d’hommes dans le nouveau numéro de Garçon Magazine disponible ici.