« Je me suis fait agresser en raison de mon orientation sexuelle. »

JEAN-BAPTISTE 38 ans Franco-luxembourgeois J’assume ma sexualité depuis longtemps, il n’y a qu’une de mes grand-mères qui ne sache pas que je suis homo. Il y a quelques semaines,...

JEAN-BAPTISTE

38 ans Franco-luxembourgeois

J’assume ma sexualité depuis longtemps, il n’y a qu’une de mes grand-mères qui ne sache pas que je suis homo. Il y a quelques semaines, je me suis fait agresser en raison de mon orientation sexuelle. Je ressens maintenant le besoin de témoigner.

Je sortais de boite gay, j’étais en harnais et j’avais oublié mon t-shirt aux vestiaires. J’étais avec un ami, on allait chez moi. Je lui ai dit de m’attendre pendant que j’allais chercher ma voiture à deux minutes à pied.

« Sans rien comprendre, je me suis reçu un coup de pied violent dans le péroné. »

Je marchais le nez collé à mon téléphone pour retrouver ma voiture. Sans rien comprendre, je me suis reçu un coup de pied violent dans le péroné. À tel point qu’il s’est cassé. Je me suis effondré par terre et un mec est apparu et a pris mon téléphone. Il est parti puis est revenu. Je commençais à peine à me relever. Il m’a trainé de force devant l’entrée d’un immeuble en me criant de lui montrer mon visage pour déverrouiller mon iPhone. Je me cachais avec mes mains. Il m’a poussé et je suis tombé sur le coude droit. J’ai entendu le craquement, il s’est cassé.

« J’ai hurlé à l’aide mais personne ne venait. Pourtant, je voyais des gens. Aux fenêtres, dans les rues. »

J’ai hurlé à l’aide mais personne ne venait. Pourtant, je voyais des gens. Aux fenêtres, dans les rues. Le mec à continuer de me frapper au sol, il m’a cassé une cote. Il me criait des insultes. Homophobes. « Sale PD, sale tafiolle, sois heureux de ne pas mourir, tu penses que quelqu’un va venir aider une tapette ? » 

« L’acte était peut-être basé au début sur un vol, mais je pense que la manière dont j’étais habillé a grandement aidé au reste. »

L’homme est parti. L’ami avec qui j’étais s’inquiétait de ne pas me voir revenir, il est venu me chercher et m’a trouvé au sol. Il a appelé la police. Les policiers sont venus et m’ont transporté dans leur fourgon. Avec l’alcool, l’adrénaline, je ne ressentais pas trop la douleur. Ils ont fait des tours dans la ville car ils voulaient trouver mon agresseur tout de suite. Au bout de quelques minutes, je me suis évanoui. C’est là qu’ils ont appelé les pompiers. Je me suis retrouvé à l’hôpital et je me suis fait opérer deux jours plus tard.

Aujourd’hui, je suis en reconstruction. Je vois une psy qui m’aide beaucoup, j’apprends à garder mes souvenirs, à enlever les émotions néfastes. 

C’est révoltant. C’est pour ça que je veux témoigner. Je vis dans un pays libre où le premier ministre est gay et s’est marié récemment. 

J’ai toujours un plâtre au bras et à la jambe. 

J’essaye de me reconstruire sans penser aux personnes qui m’ont laissé comme ça, qui m’ont vu mais n’ont pas réagi, sans penser à celui qui m’a fait ça. Je ne saurais même pas quoi dire à mon agresseur.

Je suis extrêmement reconnaissant à tous ceux qui me témoignent de la sympathie, s’inquiètent pour moi, m’aident à me relever et me reconstruire. Ma famille qui est venue si souvent de si loin, mes amis, mes collègues et anciens collègues et un nombre incalculable de personnes connues ou inconnues sans qui cette épreuve eût été invivable.

Damien Guignard

Passionné de musique, de théâtre, de littérature et de culture de manière générale, j'aime rester à l'affut des nouveautés musicales, mais aussi des droits LGBT.

Vous aimerez aussi :