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La marche des fiertés évolue-t-elle dans le bon sens ?

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À Paris et un peu partout en France, les cortèges pour la marche des fiertés deviennent de plus en plus différenciés et plus lisses. Une approche qui divise au sein même de la communauté. Doit-on alors voir ce changement comme radical ou progressif ?

Vers un déchirement ? À Lyon, différentes formations ont joué dans le déroulement d’une marche des fiertés en non-mixité, samedi 12 juin. Choix qu’il assume pleinement, le CFL a ainsi établi un ordre bien précis. Du début à la fin, nous pouvons notamment constater la présence des personnes queers racisées, handicapées, lesbiennes et trans/NB/intersexuées. « On a l’espoir que la Pride se politise et devienne de plus en plus revendicative. On [prône] l’idée que des mesures soient prises contre l’extrême droite et le fascisme qui sont très [actifs] à Lyon. Et qui sont vraiment violents à l’égard de notre communauté. », a souligné Antoine, membre de l’organisation LGBTQI+, à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

Des mouvements de protestations

À commencer par les gays, certain.e.s habitant.e.s, issu.e.s de la diversité, ont dénoncé le fait d’être relégué.e.s en dernière ligne… dans l’un des trois cortèges mixtes. « Ce samedi, la #Pride de Lyon fera honneur à l’apartheid avec une ségrégation raciale, sexuelle et de genre… des identitaires qui vous veulent du bien. Une marche des fiertés dans la joie et la bonne humeur, oui mais, sans les blancs, du moins, en arrière et obéissant. », a martelé Mehdi sur Twitter.

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D’autres encore ont pointé du doigt certaines interdictions en vigueur pendant cette journée, notamment en ce qui concerne la prise de photos « pour ne pas outer les marcheur.euse.s. » (droit pourtant acquis, NDLR). « Non, mais sérieux. Les ‘activistes d’Instagram’, y’a moyen que vous arrêtiez vos luttes abyssales ? Ça devient aussi absurde que les discours politiques. », a déclaré un militant d’Act-up sur Facebook.

Des contre-marches en chaîne

Au coeur de Paris, des jeunes activistes s’apprêtent à mêler les étiquettes entre elles dans la célébration des fiertés LGBTQI+, le 20 juin prochain. « On en est à interdire d’accompagner des parents pour des sorties scolaires, ce sont des humiliations. », fustigent-ils notamment, dans un article de 20 minutes

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Dans les sujets d’opposition, ils dénoncent entre autres « le racisme systémique », « l’islamophobie d’État », le cistème militant de l’Inter-LGBT, « l’homonationalisme ». « Quand on sait comment fonctionne l’inter-lgbt, on ne peut pas dire qu’elle n’intègre pas telle ou telle structure. Il y a un processus transparent, ce ne sont pas trois personnes qui décident dans leur coin. », a clarifié Matthieu Gatipon, porte-parole de l’association, à Qweek, précisant que la quarantaine d’organisations membres décident ensemble pour inclure telle ou telle candidature.

Plus au sud, à Bordeaux, la Pride met également l’accent sur ces mêmes revendications, prévues ce jour. « Loin des récupérations politiques ou capitalistes, retrouvons-nous pour [lutter] contre une société répressive et oppressive. Racisme, validisme, sexisme, grossophobie, putophobie et tant d’autres. Contre ce système, mobilisons-nous tous ensemble et célébrons nos identités. », peut-on lire sur la page de l’événement.

Les fetish dans le viseur aussi

En amont du rendez-vous officiel, prévu le 26 juin prochain à Paris, certains activistes ont jugé compromettant que le milieu fetish soit présent. En ce sens, le motif de « la mauvaise image » a été mis en avant pour justifier la position. « De nombreux médias choisissent d’illustrer la Marche des fiertés (ex-Gay Pride) avec des clichés de personnes très maquillées (généralement des hommes), vêtues de tenues exotiques ou presque nues… Pourquoi pas, c’est joyeux, coloré et c’est une des facettes de la communauté LGBT, mais essayons d’être attentif-ve à varier les représentations. », mentionne le kit de l’AJLGBT. 

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Les principaux concernés n’ont pas vu d’un bon œil l’exclusion qui s’opère au sein même des minorités. « On devrait se fondre dans la masse sous prétexte qu’il faut défendre les droits des LGBT ! », a déploré Laurent, membre de l’association parisienne ASMF, à Mademoizelle. « On n’est pas là pour plaire, pour être lisses, mais pour déranger ! », précise Denis, président de du collectif Mecs en caoutchouc.

Depuis plus de quarante ans, cette population n’a cessé de participer à ces manifestations, moyen pour eux de bousculer les mentalités, de les faire évoluer. « Les marches, c’est un moment où on peut montrer qui on est et ça peut éveiller des curiosités. »,  poursuit-il. Une vision que, en tout cas, la nouvelle génération d’activistes queers semble aujourd’hui rejeter, la jugeant dépassée et peu respectable. Doit-on y voir une aseptisation de la pride, une complaisance envers la « normalité » (les hétéros), comme le craignent ces militants de la première heure ? À méditer !

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