Depuis cinq jours, les posts affluent sur Twitter sous le hashtag #jesuisintersexe. En cause, un internaute, Mishouk, lance le phénomène en relayant une histoire publiée un jour plus tôt et en partageant la sienne.
D’un simple tweet … Mishouk décide de lancer le hashtag #jesuisintersexe, dimanche 24 mai. En cause, le jeune internaute a vu la bouleversante histoire d’une personne intersexe, Coralie. “Je profite du thread de @LostmemoryCoco pour apporter un témoignage, parce plus j’évolue dans mon activisme, plus je crois au pouvoir de notre parole collective”, confie-t-iel en réaction au post initial, “je suis une personne intersexe et comme nombre d’entre nous, j’ai été abusé par l’institution médicale”. De ces paroles, il entame le long récit de son histoire.
Dans un rythme effréné, les internautes retweetent tour à tour le post de Mishouk et la complètent par leur malheureuse histoire, tous avec le même hashtag. “Lisez, suivez cette magnifique et fabuleuse personne (MISCHA) qui comme moi (20ans après) et de nombreuses personnes ont subi les pires choses que l’humanité peut imaginer. Viols, Tortures, Mutilations, Stérilisations, etc… FAITES TOURNER… SVP…”. D’autres relaient le message Mishouk pour apporter leur soutien à la cause. Tous ont le hashtag #Jesuisintersexe, alertent sur la situation à coup de tweets et de retweets simultanés, qu’iels soient ou non concernés par la cause : Minima Gesté, Agnès Peltier, Laura Berlingo, etc.
Coralie, cause du hashtag
Au sortir de l’hôpital, dimanche 22 mai, Coralie, aka @LostmemoryCoco, décide de sortir de l’ombre. Dans un premier tweet, elle se présente, parle de ses problèmes médicaux et les circonstances dans la prise de conscience de sa différence, le diagnostic de sa maladie. Rapidement, elle pose le fond du problème qui la tourmente. “On m’a sciemment caché d’autres “traitements” subsidiaires à l’opération chirurgicale […], les risques opératoires, les soins post-opératoire à base de dilatations vaginales”, confie-t-elle.
Au fil de son émouvant récit, la jeune femme confronte les erreurs de diagnostic des médecins, leurs abus de position, les dénigrements à son encontre, les opérations sans fin et l’affaiblissement de sa santé. Point culminant d’une série de “maltraitances scientifiques” à répétition, Coralie se retrouve en fauteuil roulant. “J’ai un ptsd (stress post traumatique) et je suis atteinte de troubles anxio-dépressifs. Je vis dans un logement non adapté à mon état de santé”. En voyant de l’impact de son message, la jeune femme a usé à son tour du hashtag #Jesuisintersexe
Éveiller les consciences
De la sphère personnelle, les histoires alertent rapidement des mouvements LGBTQI+ en France. Le Coin des LGBTQI+, par exemple, pointe le manque de considération sur la question des personnes intersexes. “1.7% de la population est intersexe. La France n’interdit pas les mutilations sur les personnes intersexes. Seuls Malte, le Portugal et l’Uruguay les protègent.”, a alerté le collectif. En parallèle, il a salué la libération de la parole des personnes intersexes grâce au hashtag #Jesuisintersexe. De son côté, le blog Les Ourses en plume relaie un texte sur les coulisses d’une revendication profonde. D’autres mouvements se sont joints au hashtag, parmi Garçons le podcast, Collectif Intersexes, EducSexualité Créteil, Féministes Révolutionnaires ou encore Lesbian Ex-machina.
Le mouvement s’est étendu au delà des frontières, en Allemagne, en Autriche, au Luxembourg, en Angleterre et même en Espagne. “Sur Twitter France, des histoires/coming-out avec le hashtag #Jesuiintersexe circulent à grande échelle depuis hier”, a écrit LHBTTI-emancipatie. A ce jour, le hashtag a recensé plus de 100 publications et continue son avancée.