Victorien, “J’ai été violé quand j’avais 15 ans”

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Victorien n’a que 15 ans lorsqu’il subit un viol. Pendant des années, cette expérience traumatique le détruit à petit feu, la pression et le harcèlement de l’auteur de cet acte aussi. Ne pouvant plus le contenir, il décide aujourd’hui de se livrer sur cette agression sexuelle.

Je peux le dire aujourd’hui. J’ai été violé quand j’avais 15 ans.” Derrière cette troublante confession se cache le triste récit de Victorien, victime d’un viol pendant son adolescence. Taisant toutefois le nom de l’auteur à l’origine de cette agression, le jeune étudiant ne cache aucun détail : attouchements, fellations forcées, pénétrations, etc. Tout cela alors qu’il était encore vierge, la première fois, et qu’il ne ressentait pas ce besoin d’avoir des rapports sexuels (surtout à 15 ans). “Il prenait du plaisir à me voir souffrir, c’est sûrement pour ça qu’il insistait autant. Que ce soit dans sa chambre, chez moi (à quelques mètres seulement de ma mère), sur le canapé de sa mère et même dans la rue… Les viols (du fait que je finissais souvent par céder) furent nombreux.”, confie-t-il. 

Le départ

Lorsqu’il atteint la majorité, il réussit à se sortir de l’étreinte oppressante de son bourreau et part s’installer à Paris. Le jeune homme coupe tout contact avec les personnes qui touchent de près ou de loin à cet homme, sa famille y compris. De cet épisode traumatisant, il ressent un véritable dégoût du sexe, qu’il considère comme une véritable corvée. “Je ressens toujours cette douleur qu’il m’infligeait chaque fois qu’il faisait sa petite affaire avec moi, comme si je revivais chaque fois ma première fois. C’est un lourd fardeau à porter. Surtout quand on est LGBTQ+ et que le sexe est littéralement partout.”, confie-t-il. Pour autant, il arrive peu à peu à reprendre goût à la vie, trouvant dans l’art un certain exutoire. 

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Alors qu’il semble être en lieu sûr et hors d’atteinte, le calvaire reprend de plus belle quand son violeur le contacte à nouveau, lui rappelant à de multiples reprises cette période de viol. “Depuis des années, tous les mois, semestres, trimestres, je reçois de nouveaux messages venus de nouveaux comptes créés par ce violeur hideux. Chaque fois me menaçant de porter plainte contre moi pour diffamation si jamais j’osais dire à qui que ce soit que c’était un violeur.”

Des pressions incessantes

Pris dans une relation toxique avec celui qu’il a longtemps considéré comme son petit ami, Victorien fait face aux remarques négatives de cet homme. “Lorsque je lui parlais de mes rêves de vivre dans la capitale, de faire de la politique, de devenir écrivain, chaque fois il me rabaissait. Me disait que j’étais idiot, que je ne serai jamais parisien (trop provincial pour la grande ville) et que faire de la politique c’était pour les gens comme lui, les gens de haute éducation.”, explique-t-il.

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Pourtant, s’attaquer à Victorien, déjà bien fragile, ne suffit pas à cet homme, qui s’en prend aussi à la mère du jeune étudiant. “Cet horrible personnage a osé manquer de respect à ma mère, en la harcelant au téléphone, lui disant que j’étais un menteur et un manipulateur. La menaçant de la poursuivre en justice (pour quoi ? On ne sait pas), elle qui l’avait invité au restaurant, qui lui avait acheté des chaussures neuves parce-que les siennes étaient usées et qui lui avait permis de garder la monnaie comme argent de poche.”, précise-t-il. 

L’heure du soulagement

Lorsqu’il est hospitalisé pour une crise d’épilepsie, le jeune homme ressent comme un déclic. Alors, quand il sort d’un coma de quelques jours, il décide de reprendre contact avec toute sa famille avec qui il s’est brouillé, à commencer par sa mère. “J’ai compris que si je voulais avoir une meilleure relation avec [elle], il était temps de lui dire ce que cette personne pour qui elle a tant fait m’avait fait subir. Donc je lui ai dit, d’un seul coup. C’est sorti comme ça, sans prévenir.”, raconte Victorien.

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Aujourd’hui, le jeune étudiant ne souhaite pas engager de poursuites contre l’auteur du viol, préférant penser à ses études, mais aussi à ses passions et activités. “S’il tombe sur cet article et s’il a lu Crime et Châtiment de Dostoïevski, il saura que c’est à lui de se dénoncer à la justice, pas à moi d’aller l’y traîner, sans preuves. Il est un violeur et sera toujours un violeur. Seule la justice pourra l’aider à porter un peu de cette grosse pierre qu’il a sur la conscience.”, clame-t-il toutefois, précisant qu’il est le seul coupable et non l’inverse. “En revanche, s’il continue à me contacter comme il le fait, une poursuite judiciaire pour harcèlement n’est pas à exclure.”, conclut-il, tout en nuance.

Le message de Victorien aux personnes victimes de viol : 

“Prenez votre temps. Ne vous forcez pas à en parler si vous n’en avez pas envie. Vous êtes victimes avant tout et ce qui compte c’est votre bien-être. Mais, par pitié : voyez un médecin, quelqu’un qui sera en mesure d’appuyer, un jour, votre témoignage par son expertise médicale et confiez-vous à une personne de confiance, un psychothérapeute s’il le faut. Garder tout ça, tout ce poids, sur votre cœur n’est pas sain. Mais dans tous les cas : prenez votre temps, allez à votre rythme et retenez bien une chose : le seul coupable dans votre histoire, quoi qu’il vous dise, c’est votre agresseur.”

Plus d’infos : 

Si, comme Victorien, vous souhaitez raconter votre histoire ou parler d’un sujet qui vous tient à coeur (ou vous met en colère), envoyez un mail à [email protected]

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