
Tobias Dörer s’est lancé dans la photographie, huit ans plus tôt. Tout au long de sa carrière, l’artiste crée des scènes complexes liées aux modèles qu’il shoote, composant une combinaison de photographies et graphismes avec de fortes influences visuelles.
Aussi loin qu’il se souvienne, Tobias Dörer n’a jamais eu de projets dans la photographie, mais un intérêt particulier dans la retouche et le montage d’images et de photos. « A 11 ans, je peignais point par point sur un vieil ordinateur DOS avec la première version du logiciel Paint et passais toutes mes après-midi de cette manière devant mon pc », confie-t-il. Des mois plus tard, le photographe talentueux acquiert finalement son propre ordinateur, doté de Windows XP et de son meilleur éditeur d’images. Au début, le jeune artiste de l’époque retouche les images de différentes personnalités célèbres. Quand son grand-père achète un appareil-photo numérique, il commence à apprendre à le manier, ce qui le rend très heureux, et à éditer ses clichés
Rapidement, Tobias Dörer en veut plus et achète du carton pour les arrière-plans, puis son premier reflex par ses propres moyens, ce qui le propulse vers un tout autre niveau dans la photographie. « Quand, soudainement, les personnes étaient prêtes à me payer pour les photos que je prenais d’euxlles, j’ai su que c’était ce que je voulais faire », exprime-t-il. Aujourd’hui, Tobias Dörer a tout l’équipement qu’il souhaitait avoir, bien plus qu’il y a des années, et shoote les nombreux « clients réguliers ». Le photographe en dit plus sur son travail, sur ses inspirations et sur la manière dont il prend en photo ses modèles.
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Comment se déroule un séance-photo avec vous ?
Ca varie d’un projet à l’autre. Souvent, je vais prendre spontanément les modèles en photo et nous voyons ce que ça donne. Mais, pour les plus grands projets ou les compositions complexes, il y a toujours une rencontre avec tous les participants avant le shooting.
Avec Micaela Schäfer, pour qui je prends régulièrement des photos pour son calendrier, je rencontre le maquilleur et le styliste pour discuter de chaque rôle et planifier ce qui a besoin d’être organisé en amont. La séance-photo en elle-même est relativement détendue, puisque je prends mon temps jusqu’à ce que je sois sûr d’avoir le cliché parfait.
En ce sens, êtes-vous préparé avant une séance-photo ou improvisez-vous ?
J’essaie toujours de me préparer pour chaque shooting autant que je le peux. La plupart du temps, je réfléchis à l’arrière-plan qui convient le mieux au sujet ou modèle que je photographie. Cependant, il y a un certain temps d’improvisation pendant chaque séance car, malheureusement, tout ne peut être planifié.

Comment choisissez-vous vos modèles ?
Je ne prête pas attention aux mensurations des modèles, car mon travail (et, heureusement) n’a rien à voir avec les standards de la mode et de la beauté.
Ce qui compte, pour moi, est le charisme et si je capte un concept avec cette personne. C’est pour cela que je travaillais souvent avec des drag-queens car elles éclairent une variété d’idées de photos dans ma tête.
Les modèles féminins et les drag-queens apparaissent majoritairement dans ton flux instagram. Est-ce donc plus facile de prendre des photos de la féminité que de la masculinité ?
La plupart du temps, c’est plus simple, oui, parce qu’avec les femmes je peux être plus créatif dans le décor des photos et les drag-queens sont très extravagantes dès le départ. En plus, le drag est plus populaire que jamais.
Ca ne veut cependant pas dire que je n’aime pas prendre des photos des hommes, même si, en quelque sorte, ça arrive moins souvent en ce moment. Si j’ai une bonne idée de photo pour un modèle, ça ne me dérange pas de photographier un homme, une femme ou quelqu’un entre les deux.

La photographie, comme vous le faites (prendre des photos de drag-queens, en particulier), est-elle une manière de soutenir la communauté LGBTQI+ ?
Bien sûr. Le drag est un art qui n’est pas seulement beau à regarder mais qui sert aussi le divertissement de tous, en premier lieu. Depuis des années, je soutiens Ruda Puda avec mon travail.
J’essaie également de réaliser des projets libres avec de nouvelles drag-queens aussi souvent que possible pour mettre leur art en lumière.
En plus de créer tout un univers inspirés par les films (Terminator, Titanic et 007, par exemple), vous jouez avec les genres dans votre art, en plaçant la féminité au lieu de la féminité dans vos clichés. Est-ce une manière de les rendre puissantes, de montrer qu’elles sont aussi fortes et dominantes que les hommes ?

J’ai généralement une petite faiblesse pour les femmes dans des poses et rôles forts. Les femmes avec une force et une affirmation au dessus de la moyenne ont une attraction très spéciale pour moi. Et puis, il y a déjà beaucoup trop de figure héroïques masculines fortes.
Toute le monde connaît les images classiques de Titanic et 077, mais de se concentrer précisément sur la féminité n’a encore jamais été fait avant. Et, que serait un James Bond sans une femme ?

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