Un projet de loi vient d’être déposé au parlement du Ghana. Il s’attaque à la communauté LGBTQI+ dans son ensemble. Un bras de fer entre gouvernement et associations se dessine.
Un projet draconien
En cette fin de mois de juillet, la communauté LGBTQI+ du Ghana fait face à une nouvelle attaque du gouvernement. Un document, nommé « projet de loi 2021 sur la promotion des droits sexuels humains et des valeurs familiales ghanéennes », a fuité sur les réseaux sociaux, il y a quelques jours. Portée par 8 députés et soumise au parlement le 29 juin dernier, cette proposition prend des mesures draconiennes à l’encontre de la communauté.
Elle préconise une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison pour toute personne exprimant son soutien médical, amical, social voire médiatique à une personne appartenant à la communauté LGBTQI+. Les personnes intersexuées sont également dans le viseur. Il leur sera ordonné de subir une « réassignation de genre » obligatoire.
Armé face aux critiques
Si « la communauté LGBTQI+ est choquée de voir à quel point la loi est vaste » comme le déclare Rightify Ghana, l’une des associations LGBTQI+ les plus importantes du pays, les instigateurs, eux, semblent armés face aux critiques. Le 23 juillet dernier, Samuel Nartey George, défenseur du parti social-démocrate du Ghana, déclare sur Twitter, que les détracteurs ne sont pas assez « informés ».
Pour lui, le projet ne portera pas atteinte aux droits humains. Tout membre de la communauté LGBTQI+ sera jugé équitablement. « L’homosexualité n’est pas un droit humain mais une préférence (…) ils veulent que l’on accepte leur perversion mais pas notre avis sur cette perversion » conclut-il.
Des déclarations qui semblent aller dans le sens du porte-parole du Parlement Ghanéen, Alban Bagbin. Ce dernier défend d’ores et déjà le projet face aux retombées internationales, que cette annonce pourrait engendrer. Il a déclaré ce dimanche, lors d’une réunion au parlement, « Les diplomates du monde entier ne pourront jamais nous dicter comment vivre dans ce monde. (La communauté LGBTQI+) c’est quelque chose que nous considérons comme une abomination (…) nous continuerons à suivre notre culture (…) je suis très clair, ce projet sera adopté dès que possible » déclare-t-il sans détour.
Une pétition déjà lancée
Une détermination qui inquiète particulièrement, à commencer par le fondateur du parti libéral du Ghana, Kofi Akpaloo. Il déclare hier matin à la station d’une radio Ghanéenne, Kindom FM. « Ce texte de loi est rempli de haine. Vous n’avez pas besoin d’être pro-gay pour apprécier leur situation. Il suffit d’être humain. »
Pour l’heure, les représentants de l’Union européenne ou du Commonwealth, dont le Ghana fait partie, ne se sont pas exprimés sur ce sujet.
Toutefois, la mobilisation semble grandir pour lutter contre ce projet au Ghana, et à l’international. Le journal britannique The Guardian décrit la mesure proposée comme « l’une des lois anti-gays les plus radicales proposées dans le monde ».
Une pétition, directement adressée au gouvernement Ghanéen, commence à prendre de l’ampleur. Lancée par un anonyme, elle veut aider à ce que le sujet soit davantage pris au sérieux au Ghana. 5000 signatures sont attendues.