Lors des régionales 2021, les bureaux de vote ont connu un afflux significatif de l’électorat LGBT. Cette tendance va-t-elle influer sur les présidentielles à venir ? François Kraus, initiateur de l’étude IFOP pour Garçon Magazine, revient sur les données et esquisse quelques couleurs pour la suite.
Quel bilan dressez-vous sur l’étude ?
De manière générale, l’intérêt de ce type d’enquêtes (les régionales 2021 dans ce contexte, NDLR) est de montrer qu’il n’y a pas un seul « vote LGBT », mais des « votes LGBT ». Et, ces votes s’avèrent assez genrés et variables en fonction du degré d’éloignement de la « norme hétérosexuelle » dominante qui leur est imposée au quotidien dans la société.
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Mais au-delà de la dispersion habituelle, les indicateurs politiques attestent tous du (ré)ancrage à gauche des électeurs bi et homosexuels, de leur net rejet de la droite parlementaire, mais aussi d’un attrait pour l’extrême droite, certes en recul, mais tout autant prononcé que chez l’ensemble des Français.
Pensiez-vous arriver à cette situation, en comparaison avec la précédente étude sur les présidentielles ?
Cette étude a surtout confirmé deux tendances déjà observées aux scrutins passés. En premier lieu, nous avons remarqué que le désenchantement général constaté chez la plupart des citoyens à l’égard des listes macronistes lors des dernières régionales n’a pas épargné les minorités sexuelles.
Ensuite, l’autre enseignement clé a montré une distanciation à l’égard de la droite nationale, également perceptible il y a deux ans et intéressante à voir si elle s’avère bonne à l’avenir. Car, cela peut contredire le virage conservateur pris depuis 2017 par le parti et le départ de leaders gays qui y assumaient à la fois leur homosexualité et leurs hautes responsabilités
Les personnes LGBTQI+ semblent davantage se déplacer aux urnes que les individus hétéros. Est-ce un élément que vous avez remarqué ?
Nous n’avons pas vraiment d’indicateurs sur le sujet de la participation. Toutefois, comme l’ont montré d’autres enquêtes menées dans le passé (IFOP 2011), les minorités sexuelles se distinguaient par une conscience politique plus aiguë que la moyenne. À titre d’exemple, 32% des LGBT se disent aujourd’hui proches d’aucun parti (contre 38% chez l’ensemble des Français).
Finalement, cette tendance peut-elle se répercuter sur les élections à venir, selon vous ?
Rien n’est moins sûr, à la fois en raison des différents modes de scrutin entre les régionales et les présidentielles, du degré de participation et des enjeux du vote. En clair, il faudra attendre l’an prochain pour voir si ces vagues se confirment.
Plus d’infos :
Retrouvez les résultats de l’enquête sur le site de Garçon et dans les pages du magazine, disponible en kiosques et par abonnement.