Signé Arnoldas Kubilius, (H)OMBRES voit le jour en juin dernier. Plaçant l’homme au centre, l’ouvrage met divinement en abîme la douleur et la souffrance. Soit, “un objet complexe qui stimule le bout des doigts, les yeux, le cœur et, espérons-le, votre cerveau”. L’auteur nous en dit plus sur son premier livre photographique.
HOMBRES est …
une sélection très rigoureusement organisée et cohérente de mes œuvres récentes qui forment un certain rythme dans un objet fini. Je voulais m’éloigner des médias sociaux et du format de l’exposition et créer un objet tangible qui vous fait ralentir, prendre du temps, toucher, sentir et vraiment voir.
Le livre, que j’ai co-créé avec le designer Jake Noakes et qui présente un essai de la photographe Connie Imboden, élève mon travail. Cela lui ajoute plus de dimensions: la sensation de la surface ressemblant à la peau de la photo de couverture, la texture du papier de couverture, la façon dont les pages stimulent vos sens et guident votre œil. C’est un objet sur lequel vous pouvez revenir et redécouvrir, lentement.
Pour votre livre photo (H)OMBRES, vous choisissez un titre qui brise les barrières de la langue: Hombres (terme espagnol) et ombres (français). Pourquoi donc ?
Je vis dans un pays francophone et je viens de commencer à étudier l’espagnol. Les ombres sont une partie essentielle de tout travail photographique mais aussi un archétype d’une certaine obscurité que nous avons à l’intérieur de nous, quelque chose que notre psyché essaie de supprimer. «Hombres» et «ombres» semblaient être un match ludique parfait.
La couleur bleue est présente sur beaucoup de photos: eau, ciel, etc. Y a-t-il un sens derrière cette utilisation?
Le bleu est de loin ma couleur préférée. J’y ai été attiré toute ma vie. Adolescente, j’ai recouvert toute ma chambre de bleu et j’aime toujours m’entourer de cette couleur, par exemple dans des vêtements.
C’est la couleur des océans et du ciel - ils peuvent tous deux être sereins mais aussi apporter des ténèbres et de la douleur. La couverture de mon livre est également d’un certain bleu métallique profond. Pour moi, il y a une sensation de profondeur et de calme.
Vous avez capturé le corps des modèles sans montrer leur visage. Est-ce une manière de dénoncer l’obligation pour les personnes LGBTQI + de cacher leur identité sexuelle ou de genre?
Ce que vous voyez est une expression de mon sens de la beauté, de l’esthétique, de la masculinité, de la sensualité, parfois du jeu - mon monde intérieur.
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Lorsque je photographie une personne, j’essaie de transcender l’individu, de transformer une image en mon propre énoncé individuel qui, espérons-le, est accessible aux autres.
Certaines photos illustrent des personnes noires et des blanches. De cette façon, pensez-vous que vous représentez bien la diversité ?
La diversité et l’inclusion sont des valeurs fondamentales. Ces dernières années, j’ai tendance à photographier un petit nombre de muses que je connais déjà, ce qui m’aide à construire une confiance mutuelle et à entrer dans un flux créatif.
Après tout, mon travail n’est pas une étude anthropologique ou un manuel d’anatomie humaine mais plutôt une expression de mon moi intérieur.
L’info en plus :
Jusqu’au 4 octobre, Arnoldas Kubilius expose ses oeuvres photographiques à la galerie CAW au Luxembourg. Plus de 30 de ses clichés, présents dans HOMBRES et que vous pouvez vous procurez sur son site, y sont exposées.
Retrouvez le travail du photographe luxembourgeois sur son site web professionnel mais aussi sur son compte instagram.